Adrian Piper

Adrian Margaret Smith Piper est née le 20 septembre 1948 à New York, dans une famille de la classe moyenne de Manhattan. Son éducation artistique a débuté à l'École d'arts visuels de New York, où elle a obtenu un diplôme d'associé en 1969. Par la suite, elle a étudié la philosophie au City College of New York, obtenant une licence en 1974, puis a poursuivi ses études à l'université Harvard, où elle a obtenu son master et son doctorat en philosophie sous la direction du célèbre philosophe John Rawls. Elle a également étudié à l'université de Heidelberg. Adrian Piper a commencé à faire parler d'elle dès ses débuts dans les années 1960, exposant son travail à un âge précoce. Elle est reconnue pour ses œuvres innovantes mêlant art et philosophie, ainsi que pour son rôle en tant que pionnière dans le domaine de l'art conceptuel, faisant émerger des thèmes de race, d'identité et de genre dans un contexte artistique souvent homogène. Depuis 2005, elle vit et travaille à Berlin, où elle dirige le Berlin Journal of Philosophy et le Adrian Piper Research Archive. En parallèle, elle a eu une carrière académique en enseignant la philosophie dans plusieurs universités prestigieuses, dont Georgetown, Harvard et l'université du Michigan. En plus de sa pratique artistique, Piper est également connue pour son engagement dans le yoga et la philosophie hindoue, qu'elle pratique depuis des décennies. Elle a reçu de nombreux prix pour son travail, y compris une bourse Guggenheim en 1989 et le Lion d'or à la Biennale de Venise en 2015.

L'œuvre d'Adrian Piper se caractérise par sa capacité à aborder des sujets sociaux et politiques complexes à travers des médiums variés tel que la performance, la photographie, la vidéo, le dessin et les installations. Elle est souvent associée au mouvement de l'art conceptuel, mais elle a également des racines dans l'art corporel. Ses performances sont notamment connues pour leur nature provocatrice et souvent interactive : des œuvres comme 'Catalysis' (1970-1971) et 'Mythic Being' (1973) soulèvent des questions de race et d'identité à travers des déguisements et des interventions dans l'espace public. Piper utilise sa propre corps comme un outil critique pour explorer la perception de soi et l'autre, souvent en explorant les réalités du racisme et du sexisme. Un exemple emblématique est sa série de 'Calling Cards' (1986), où elle remet en question les interactions sociales en adressant directement des comportements problématiques rencontrés en tant que femme afro-américaine dans l'espace public. En intégrant de manière transparente ses recherches philosophiques dans son travail artistique, les œuvres de Piper créent une réflexion profonde sur les notions d'identité, de conscience politique et d'expérience vécue.

Adrian Piper est une figure incontournable dans le paysage de l'art contemporain, en particulier en ce qui concerne la représentation des artistes afro-américains et des thèmes de race et de genre. Ses œuvres continuent d'influencer un nouvel élan d'artistes qui explorent des questions d'identité de manière critique et réfléchie. L'impact de Piper s'étend au-delà du monde de l'art, car elle a également contribué significativement à des discussions plus larges sur la philosophie, la méta-éthique et l'histoire de l'éthique. En tant que première femme afro-américaine à devenir professeur titulaire de philosophie aux États-Unis, elle a ouvert la voie à de nombreuses autres femmes et personnes de couleur dans des domaines académiques souvent dominés par des voix blanches masculines. Sa rétrospective, 'Adrian Piper: A Retrospective, 1965–2000', et ses récents travaux, comme 'The Probable Trust Registry' exposé à Berlin, soulignent son parcours artistique unique et sa pertinence continue dans le discours critique sur l'art et la justice sociale.

Tout au long de sa carrière, Adrian Piper a participé à de nombreuses expositions marquantes, témoignant de sa reconnaissance croissante dans le monde de l'art. En 1991, elle a été présentée dans 'What It's Like: What It Is, #2' au Hirshhorn Museum à Washington, ce qui a marqué un moment clé dans sa carrière. Sa première rétrospective, 'Adrian Piper: A Retrospective, 1965–2000', a eu lieu en 1999 au Center for Art, Design and Visual Culture, et a voyagé à travers plusieurs institutions. En 2015, elle a été honorée d'un Lion d'or à la Biennale de Venise, une reconnaissance de son travail innovant et de son influence. Plus récemment, des expositions comme 'The Probable Trust Registry: The Rules of the Game #1-3' au Hamburger Bahnhof à Berlin en 2017 démontrent la force continue de son art et son engagement dans des dialogues significatifs autour de la confiance et de l'identité dans la société contemporaine. En 2018, l'exposition 'Adrian Piper: The Mythic Being' a continuellement jeté un éclairage sur son parcours artistique et intellectuel, solidifiant son statut d'icône dans l'art contemporain.