Alexander Boghossian

Alexander Boghossian, connu sous le nom de Skunder Bhogossian, est né le 22 juillet 1937 à Addis-Abeba, en Éthiopie. Fils d'un père arménien et d'une mère éthiopienne, il a grandi dans un environnement multiculturel qui a profondément influencé son art. Sa passion pour la peinture s'est manifestée dès son jeune âge, et il a très vite cherché à perfectionner ses talents. Avec le soutien d'une bourse d'études, il a voyagé en Europe où il a étudié dans plusieurs institutions prestigieuses. À Londres, il a fréquenté la Saint Martin's School, la Central School et la Slade School of Fine Art entre 1955 et 1957. Plus tard, il a déménagé à Paris, où il a étudié à l'École nationale des beaux-arts et à l'Académie de la Grande Chaumière de 1957 à 1966. C'est à Paris qu'il a rencontré des figures influentes du surréalisme, comme André Breton, ainsi que d'autres artistes africains et caribéens, ce qui a enrichi sa vision artistique. En 1966, il est rentré en Éthiopie pour enseigner à l'École des beaux-arts d'Addis-Abeba. En 1970, il a émigré aux États-Unis, où il a vécu d'abord à Atlanta, avant de s'établir à Washington, D.C. Il a poursuivi sa carrière d'artiste et d'éducateur, enseignant à l'École des beaux-arts de l'université Howard de 1972 à 2001. Alexandree Boghossian est décédé le 4 mai 2003 à Washington, laissant derrière lui un riche héritage artistique.

L'œuvre de Skunder Bhogossian se distingue par une fusion unique de traditions éthiopiennes et d'influences surréalistes. Son style est caractérisé par une utilisation audacieuse de la couleur, des formes abstraites, ainsi que des motifs qui évoquent à la fois le folklore éthiopien et les préoccupations contemporaines. Bhogossian a souvent utilisé des thèmes mythologiques et spirituels dans ses œuvres, faisant référence à la riche histoire culturelle de l'Éthiopie. Ses peintures contiennent d'abondantes références à l'art copte et à l'iconographie religieuse, tout en incorporant des éléments de la modernité que l'on retrouve dans le surréalisme et l'expressionnisme. Parmi ses œuvres les plus reconnaissables figurent "Ju Ju's Wedding" et "Night Flight of Dread and Delight", qui présentent des compositions dynamiques et un usage expérimental des matériaux. Au fil du temps, il a développé une technique qui utilise des couches de peinture, parfois mélangées avec des matériaux non traditionnels, pour créer des effets texturés et des réflexions cathartiques sur l'identité et la condition humaine.

Skunder Bhogossian est souvent considéré comme l'un des pionniers de l'art moderne en Éthiopie, ouvrant la voie à une nouvelle génération d'artistes africains. Son travail a non seulement renforcé la visibilité de l'art éthiopien sur la scène internationale, mais a également encouragé un dialogue sur l'identité culturelle, la mémoire et l'histoire au sein de l'art africain. Premièrement, il a été le premier artiste éthiopien à voir ses œuvres acquises par des institutions hautement respectées, telles que le Musée national d'art moderne de Paris et le Museum of Modern Art de New York. Sa présence dans ces collections a non seulement validé son travail mais a également contribuer à l'émergence de l'art africain sur la scène mondiale. En tant qu'éducateur à l'université Howard, il a influencé de nombreux artistes émergents, leur offrant des perspectives sur la création artistique dans un contexte diasporique. Son héritage perdure à travers ses élèves et ses contributions à la culture visuelle contemporaine, inspirant ainsi une génération de créateurs à explorer leur propre identité à travers l'art.

L'œuvre de Skunder Bhogossian a été présentée dans plusieurs expositions importantes au cours de sa carrière. Parmi celles-ci, on peut citer sa première exposition au Museum of Modern Art de New York en 1965, où ses œuvres ont été accueillies avec enthousiasme par le public et la critique. En 1963, il avait déjà vu certaines de ses œuvres acquises par le Musée national d'art moderne de Paris, marquant ainsi une reconnaissance précoce de son talent. Au-delà des États-Unis et de l'Europe, Bhogossian a également participé à des expositions en Éthiopie, visant à promouvoir l'art local et à renforcer la fierté culturelle. Dans les années 1990, ses œuvres ont été exposées dans diverses galeriews et musées à travers le monde, y compris le musée d'art africain à Washington et le musée d'art d'Indianapolis, où ses pièces comme "The End of the Beginning" en 1972-73 et "Birth of the Mummy" en 1992 ont été louées pour leur profondeur émotionnelle et leur richesse visuelle. Sa dernière exposition a eu lieu peu de temps avant sa mort, illustrant sa capacité à continuer à évoluer en tant qu'artiste tout en restant fidèle à ses racines éthiopiennes.