Angelica Kauffmann

Angelica Kauffmann, née le 30 octobre 1741 à Coire, Suisse, et décédée le 5 novembre 1807 à Rome, est l'une des artistes peintres les plus marquantes du XVIIIe siècle. Fille du peintre autrichien Joseph Johann Kauffmann, elle est rapidement initiée à l'art, apprenant à peindre dès son plus jeune âge. À la suite du déménagement de sa famille à Côme en 1752, elle continue son apprentissage en Italie, se spécialisant dans les portraits et les thèmes néoclassiques. Kauffmann devient la première femme à intégrer l'Académie des beaux-arts de Bologne en 1762, marquant les débuts de son succès. En 1765, elle s’installe à Rome puis, en 1766, à Londres, où elle se fait un nom en tant que portraitiste. En plus de sa carrière, sa vie personnelle est marquée par des épreuves, notamment un mariage malheureux et un veuvage précoce. Elle finit par s'établir à Rome, où elle exerce une influence majeure sur les artistes contemporains. Ses œuvres mêlent habilement des références néoclassiques et une sensibilité émotionnelle, ce qui en fait une figure incontournable de l'histoire de l'art.

Angelica Kauffmann se distingue par son style qui alterne entre néoclassicisme et Empfindsamkeit, un mouvement qui privilégie l'expression des émotions et la sensibilité. Ses portraits sont souvent empreints d'une certaine intimité, révélant la personnalité de ses sujets avec une complaisance et un intérêt marqués. Lassée par les conventions rigides de la peinture de son temps, elle choisit de représenter ses modèles dans une lumière nouvelle, alliant réalisme et idéalisation. Kauffmann a aussi un penchant pour les thèmes mythologiques, comme en témoigne ses œuvres 'Ariane abandonnée par Thésée' ou 'Cléopâtre ornant le tombeau de Marc Antoine', qui embrassent la tradition classique tout en traduisant des émotions humaines universelles. Son utilisation des couleurs est subtile, et son talent pour la composition, notamment dans ses autoportraits qui favorisent l'auto-analyse et l'expérimentation artistique, établit un dialogue innovant entre le spectateur et l’œuvre. En outre, elle place fréquemment des figures féminines fortes au centre de ses récits, contribuant ainsi à élargir la représentation des femmes dans l'art.

Angelica Kauffmann a eu un impact considérable sur l'art de son temps et constitue une figure inspirante pour les générations suivantes. Son succès international en tant que femme artiste au XVIIIe siècle a ouvert la voie pour d'autres femmes dans le domaine des beaux-arts, défiant les normes de genre qui restreignaient l'accès des femmes aux arts. En co-fondant la Royal Academy de Londres en 1768, elle participe à établir un cadre professionnel pour les artistes ; ce faisant, elle fait entendre la voix des femmes dans un milieu dominé par les hommes. Ses portraits et ses thèmes propices à l’expression des émotions évoluent en tant qu'éléments de dialogue sur le rôle de l'art et de l'artiste dans la société. Sa démarche novatrice inspire non seulement ses contemporains, mais contribue également à l'évolution de l'art du XIXe siècle, influençant des artistes comme Élisabeth Louise Vigée Le Brun. Plusieurs musées, tels que le Kunstmuseum de Düsseldorf et le musée Angelica Kauffmann, lui sont dédiés, célébrant sa contribution unique à la peinture. Aujourd'hui, elle est étudiée dans le cadre de l'histoire de l'art féministe et considère comme pionnière dans l'art contemporain.

L'œuvre d'Angelica Kauffmann est reconnue à travers de nombreuses expositions importantes qui mettent en lumière son talent et son influence. En 1998, une grande rétrospective à Düsseldorf, à l'Kunstmuseum, suivie par des venues à Munich et à Coire, permet de réévaluer sa place dans l'histoire de l'art. Plus récemment, une exposition à la Royal Academy of Arts à Londres a célébré son art, en mettant en avant ses contributions significatives au néoclassicisme. D'autres expositions notables incluent des rétrospectives individuelles des musées de l'Ermitage et du Metropolitan Museum of Art, qui continuent d'attirer l'attention sur son héritage artistique et sur l'importance de son œuvre dans le cadre plus large de la peinture européenne. Ces expositions des pièces maîtresses telles que 'Autoportrait' et 'Ariane abandonnée par Thésée' offrent une vue d'ensemble de son parcours créatif, tout en générant des discussions sur la perception des artistes féminines dans l'histoire des beaux-arts.