Anton Prinner

Anton Prinner, né Anna Prinner le 30 décembre 1902 à Budapest, Hongrie, est un artiste multiforme qui a marqué le XXe siècle grâce à son approche innovante et à son ambigüité de genre. Fils d'un chef comptable, Prinner grandit dans une famille avec trois frères. En 1920, il s'inscrit à l'École des beaux-arts de Budapest où il est formé par Gyula Rudnay et János Vaszary. Ses travaux ne passent pas inaperçus et, en 1926, des toiles de Prinner sont accrochées par erreur lors d'une exposition au musée des Beaux-Arts de Budapest, entraînant un certain succès. En 1928, Prinner s'installe à Paris, adoptant un prénom masculin et commençant une vie professionnelle hétéroclite comme peintre d'objets, caricaturiste dans des cabarets, et plus encore. Sa période constructiviste débute en 1932, où il apprend la gravure avec Stanley William Hayter. Il fréquente Montparnasse et établit des liens avec de nombreux artistes d'Europe de l'Est et du Sud. Au cours de sa carrière, Prinner alterne entre des périodes constructivistes et figuratives, explorant la sculpture, la gravure, et l'illustration. En dépit des changements de son nom et de son apparence, son identité de genre reste complexe, et il évoque une réflexion sur le concept d'artiste et d'identité dans ses écrits. Anton Prinner meurt le 5 avril 1983 dans le 12ème arrondissement de Paris, laissant derrière lui un héritage artistique fascinant et riche.

L'œuvre d'Anton Prinner se caractérise par sa polyvalence et sa quête identitaire dans une époque mouvementée du XXe siècle. Prinner a évolué d'une période constructiviste au début de sa carrière, s'attachant à des formes géométriques et à des compositions abstraites, vers une période figurative où il développe des sculptures et des peintures marquées par des influences égyptiennes et des thèmes comme la guerre et la paix. Son travail est marqué par l'utilisation de matériaux variés, de la peinture au graphite, en passant par la céramique et la sculpture en bois. Les gravures de Prinner, notamment celles de la 'papyrogravure', illustrent également son approche novatrice de l'estampe. Son style est souvent décrit comme narratif, énoncant des thèmes universels d'humain, d'être, et de la condition humaine. Ses sculptures, notamment 'La Femme taureau' et 'L'Homme', trahissent une exploration des formes humaines à travers la marqueterie de matériaux pesants, témoignant d'un regard aiguisé sur le corps et l'identité. Par ailleurs, l'ambigüité de son identité de genre influence ses choix stylistiques et thématiques, reflétant une profonde réflexion sur la masculinité et la féminité dans l'art.

Anton Prinner a laissé une empreinte notable sur l'art contemporain grâce à son parcours atypique et à sa volonté d'explorer les thèmes d'identité et de genre à travers diverses pratiques artistiques. Bien que moins connu que certains de ses contemporains, Prinner a contribué à la reconnaissance des artistes d'Europe de l'Est au sein de la scène parisienne. Son rôle dans le développement de la papyrogravure et ses innovations en sculpture, ainsi que dans la céramique, ont ouvert la voie à de nouvelles pratiques artistiques. Prinner a également été un acteur des mouvements artistiques du XXe siècle, notamment le constructivisme, grâce à sa participation aux milieux avant-gardistes de Montparnasse. Les expositions, notamment la rétrospective au musée Sainte-Croix des Sables-d'Olonne et au Centre culturel hongrois, témoignent d'un regain d'intérêt pour son travail, aiguisant l'exploration continue des thèmes de l'identité, du genre et de l'art.

Au cours de sa carrière, Anton Prinner a présenté son travail dans plusieurs galeries prestigieuses, notamment la Galerie de Pierre Loeb à Paris (1930), la Galerie Jeanne Bucher (1942), et la Galerie Drouin (1945). Ses œuvres ont également été exposées lors d'événements notables comme l'Exposition des Surindépendants en 1944 et la Galerie Pierre à Paris (1945, 1948). Prinner a continué à exposer dans les années 1960, avec des présentations à la Galerie Katia Granoff et à la galerie Yvon Lambert. Son impact a été particulièrement célébré lors de la rétrospective de 2006 au musée Sainte-Croix des Sables-d'Olonne, où son héritage artistique et son exploration unique des thèmes de l'identité et du genre ont été mis en lumière. Ces expositions jouent un rôle clé dans la redécouverte de l'art des artistes moins connus, mais tout aussi influents, du mouvement moderniste.