Austin Osman Spare

Austin Osman Spare est né le 30 décembre 1886 à Londres, fils d'un policier londonien. D'une nature artistique précoce, il commence sa formation à la Lambeth Art School, mais abandonne rapidement pour devenir apprenti artisan vitrier. Tout au long de sa jeunesse, Spare développe une passion pour l'occulte qui influencera profondément son œuvre. En mai 1904, un de ses dessins est exposé à la Royal Academy de Londres, marquant le début de sa carrière artistique. Son premier véritable succès arrive en 1907, lorsque ses œuvres sont présentées à la Bruton Gallery de Londres ; ses personnages grotesques et ses symboles magiques attirent l’attention des critiques, notamment d'Aleister Crowley, qui le fait initier à l'Astrum Argentum. Spare se consacre également à l'édition, créant les revues 'Form' et 'The Golden Hind', où ses idées sur l'art et l'occulte trouvent un écho. En 1917, il sert comme médecin dans l'armée britannique pendant la Première Guerre mondiale. Ses œuvres, souvent associées à l'avant-garde et au mouvement surréaliste, explorent le psychographisme et le dessin automatique. La Seconde Guerre mondiale marque un tournant difficile dans sa vie : il perd son atelier dans le blitz de Londres et se retrouve en situation précaire. En 1947, il est présenté à Kenneth Grant, qui l'encourage à renouer avec son travail d’écriture et de publication. Spare s'éteint le 15 mai 1956 à Londres, après une vie marquée par la lutte, le génie créatif et une inlassable curiosité pour l'occulte.

L'œuvre d'Austin Osman Spare est multidimensionnelle, combinant l'art, l'occultisme et l'exploration psychologique. Son style graphique est marqué par un iconoclasme audacieux et une imagerie souvent grotesque, avec des figures humaines déformées et des symboles mystiques. Spare est reconnu pour avoir développé un processus appelé 'dessin automatique', inspiré du surréalisme, qui lui permet d'accéder à des états altérés de conscience. Ce processus est central dans sa création de 'sigils', des graphiques magiques conçus pour canaliser des intentions spécifiques, technique qu'il a popularisée dans ses écrits. Son art rejette le moralisme victorien et explore les thématiques de la sexualité, de la mort et du surnaturel. Les couleurs vives et les compositions dynamiques de Spare transmettent un sentiment souvent onirique, créant des paysages qui oscillent entre le réel et l'imaginaire. Les thèmes de l'auto-exploration et de l'identité personnels se retrouvent fréquemment dans ses œuvres, révélant son approche avant-gardiste sur la relation entre l'art et l'esprit. Anecdotes et récits mystiques imprègnent ses créations, promettant une interaction émotionnelle et spirituelle avec le spectateur. Cela fait de Spare une figure unique et paradoxale dans l'histoire de l'art britannique du XXe siècle.

L'impact d'Austin Osman Spare sur le monde de l'art et de l'occulte est largement reconnu, bien qu'il ait été, dans un premier temps, un artiste en marge. Ses techniques de 'sigils' ont influencé des mouvements contemporains tels que la Magie du Chaos, qui trouve ses fondements dans ses concepts d'art magique et d'intention. Des artistes et écrivains, tels que Peter J. Carroll et Ray Sherwin, ont puisé dans les travaux de Spare pour développer de nouvelles pratiques occultes. Son exploration de la psyché et de l'inconscient a également résonné parmi les surréalistes et les précurseurs de l'art psychologique, élargissant la compréhension des rapports entre art et spiritualité. Spare a redéfini les frontières de la création artistique, associant le quotidien au mystique et intégrant des éléments de l'automatisme et du symbolisme. L’intérêt croissant pour ses œuvres au XXe siècle à travers des rétrospectives et des publications rend hommage à son génie créatif, rétablissant sa place méritée dans le panthéon des grands artistes britanniques. Les reproductions de ses œuvres et la redécouverte de ses écrits continuent d'inspirer des artistes contemporains en quête de voies nouvelles et audacieuses d’expression artistique.

Austin Osman Spare a été exposé au cours de sa vie dans plusieurs galeries prestigieuses à Londres. Sa première exposition notable a eu lieu en 1907 à la Bruton Gallery. Il a également exposé régulièrement à la Baillie Gallery entre 1911 et 1914, où ses œuvres ont reçu des critiques élogieuses. En 1927, il présente ses créations à la St. George’s Gallery, marquant un tournant vers une certaine reconnaissance dans le monde de l’art. D'autres expositions notables incluent les Lefevre Galleries en 1929 et la Godfrey Phillips Galleries en 1930. Après la guerre, ses œuvres sont exposées de manière sporadique, mais il reçoit une attention renouvelée lors d'une exposition à l'Archer Gallery en 1947. Les rétrospectives posthumes, telles que celles organisées par le Greenwich Gallery en 1964 et par d'autres galeries londoniennes, ont permis de redécouvrir son héritage. En 2007, son art est à nouveau mis en lumière lors d'une exposition à l'Arnolfini à Bristol, témoignant de l'intérêt durable qu'il suscite et de l'influence qu'il exerce sur les générations futures d'artistes.