Ayşe Erkmen

Ayşe Erkmen, née en 1949 à Istanbul, en Turquie, est une sculptrice et plasticienne de renom. Elle a reçu une formation approfondie en sculpture à l'université des beaux-arts Mimar-Sinan à Istanbul, où elle obtient son diplôme en 1977. Sa carrière prend un tournant significatif en 1993, lorsqu'elle se voit offrir une bourse d'études par le Deutschen Akademischen Austauschdienst pour une résidence artistique à Berlin. Cette période à Berlin, pendant une époque de grande effervescence artistique, influence profondément son travail. À partir de ce moment, elle divise son temps entre Berlin et Istanbul, tout en enseignant dans divers établissements d'enseignement artistique en Allemagne, notamment à l'Université de Cassel à partir de 1998. En 2011, elle représente la Turquie à la 54e biennale de Venise, présentant l'installation intitulée "Plan B", qui évoque son sens critique et son approche ironique de l'art et de l'architecture. Au fil des ans, elle a participé à de nombreuses manifestations artistiques majeures, notamment Skulptur.Projekte à Münster, et a conçu des œuvres ayant un impact social et politique, comme son installation à la Biennale d'Istanbul en 2013, qui critique la transformation des espaces urbains en centres commerciaux. Membre de l'Académie des arts de Berlin depuis 2012, Erkmen a reçu plusieurs distinctions et honneurs tout au long de sa carrière, dont le Maria Sibylla Merian-Preis en 2002.

L'œuvre d'Ayşe Erkmen est marquée par une approche conceptuelle qui privilégie l'interaction entre l'espace, le spectateur et les éléments de son installation. Elle utilise des matériaux divers et crée des œuvres qui dialoguent avec leur environnement immédiat, suscitant une réflexion sur les thématiques contemporaines telles que l'identité, l'urbanisme, et la mémoire. Ses installations sont souvent empreintes d'ironie et de poésie, comme en témoignent ses travaux tels que "Plan B" et "Kuckuck". Dans ces œuvres, elle joue avec les attentes du public et remet en question les conventions de l'art en milieu urbain. La manière dont elle utilise les espaces publics pour interroger les dynamiques sociales et politiques est un élément central de sa pratique. Par exemple, lors de sa participation à la Biennale d'Istanbul, elle a utilisé une grue pour frapper un mur d'un ancien entrepôt, soulignant la lutte entre culture et commerce dans un espace en mutation. À travers ses choix esthétiques, elle parvient à créer des installations qui sont à la fois visuellement engageantes et intellectuellement stimulantes.

Ayşe Erkmen a laissé une empreinte indélébile sur la scène artistique contemporaine, non seulement en tant qu'artiste mais aussi en tant qu'éducatrice et critique de l'espace public. Ses œuvres ont été intégrées dans des collections permanentes prestigieuses et ont fait l'objet de nombreuses discussions sur l'importance de l'art dans le débat public. Elle a contribué à sensibiliser le public aux enjeux de l'urbanisme et de l'identité culturelle à travers ses interventions, souvent provocationnelles, dans des lieux urbains. En étant l'une des rares artistes turques à avoir été représentée à la Biennale de Venise, elle a ouvert la voie à d'autres artistes de son pays, leur permettant de s'inscrire dans le dialogue international sur l'art contemporain. Son travail est souvent cité comme un exemple de la manière dont l'art peut servir de moyen de commentaire social et politique, inspirant des générations d'artistes à explorer des questions similaires dans leur propre pratique. Son engagement pour l’art comme vecteur de réflexion sur la société a renforcé sa réputation en tant qu'artiste critique et éclairée, et continue de façonner la perception de l'art dans le contexte contemporain.

Parmi les expositions les plus importantes auxquelles Ayşe Erkmen a participé, on peut citer :

• 1997 : Skulptur Projekt à Münster, qui a marqué le début de sa reconnaissance sur la scène internationale;
• 2000 : Biennale de Gwangju, un événement clé dans le circuit des biennales mondiales;
• 2001 : Musée Fridericianum à Cassel et Biennale de Berlin, où elle a présenté des œuvres qui interrogent la culture urbaine;
• 2002 : "Kein gutes Zeichen" à la Wiener Sezession à Vienne, qui a été très bien reçue;
• 2004 : "Bound to/gebunden an" au Museum Abteiberg à Mönchengladbach;
• 2005 : "Durchnässt" à la Kunsthalle Schirn de Francfort-sur-le-Main, une exposition qui a exploré la thématique de l'eau et de son rapport à l'environnement;
• 2008 : "Weggefährten" à la galerie nationale à la Gare de Hambourg, et "Above the Fold" au Kunstmuseum de Bâle, qui ont mis en avant des dialogues entre les artistes contemporains;
• 2011 : Biennale de Venise, où elle a représenté la Turquie avec l'installation "Plan B";
• 2013 : Biennale d'Istanbul où son installation était une critique franche des transformations urbaines. Ces expositions témoignent de l'évolution de son travail et de sa volonté constante de questionner l'art sous toutes ses formes et ses implications dans le monde d'aujourd'hui.