Boris Grigoriev

Boris Dmitrievitch Grigoriev est né le 11 juillet 1886 à Moscou, dans l'Empire russe. Fils illégitime, il fut reconnu et adopté par son père à l'âge de quatre ans. Sa mère, Klara von Lindenberg, était d'origine suédoise, ce qui influença son parcours. Son père était commerçant, et Grigoriev a d'abord travaillé comme comptable et employé de banque à Rybinsk, où il a eu une enfance jugée peu heureuse en raison de son statut familial et de ses origines. À partir de 1903, il a suivi des cours à l'Institut des beaux-arts Strogonoff et ensuite à l'Académie russe des beaux-arts de Saint-Pétersbourg, où il a été influencé par des artistes comme Alexandre Kisseliov et Dmitri Kardovski. En 1909, il a visité la Suède, rapprochant ainsi la culture de son héritage. En 1911, il participe à la création du « Studio des impressionnistes », un groupe d'art futuriste. Grigoriev se déplace à Paris en 1913, où il commence à s'imprégner de la vie artistique parisienne. Après la Révolution d'Octobre, il devient membre de la société Mir Iskusstva et enseigne à l'institut Strogonof. En 1919, il fuit la Russie, passant par la Finlande avant de se fixer à Berlin, puis à Paris, où il connaît un certain succès. Ses voyages le mèneront aussi aux États-Unis et en Amérique latine. Grigoriev s'illustre également par ses illustrations littéraires et son travail de portraitiste. Sa mort survenue le 7 février 1939 à Cagnes-sur-Mer, en France, marqua la fin d'un parcours artistique marqué par la tradition et l'avant-garde.

L'œuvre de Boris Grigoriev est caractérisée par une fusion entre le réalisme et l'avant-garde, dans laquelle il exprime des émotions profondes à travers des sujets variés, allant des portraits aux scènes de la Russie profonde. Renommé pour ses portraits, il capture non seulement les traits physiques mais aussi l'essence de ses sujets, allant du grotesque à l'empathique. Sa série célèbre 'Rasseïa', qui signifie 'la Russie des instincts', rend hommage à la vie paysanne et à la culture russe, évoquant une mélancolie et une profondeur spirituelle. Il utilise de manière expressive des thèmes de la vie quotidienne, y compris les cabarets, les cirques et les paysages bretons. Ses dessins de cirque et de cabaret sont imprégnés d'une atmosphère vibrante et d'une délicatesse de trait qui soulignent la trivialité du quotidien. Par ailleurs, ses œuvres témoignent d'une recherche de la vérité humaine et d'un intérêt pour les traditions populaires, recourant souvent à des couleurs riches et à des compositions dynamiques. En somme, Grigoriev sait brouiller les frontières entre la réalité et l'art, véhiculant avec ses pinceaux l'âme de la société qu'il dépeint.

Boris Grigoriev a eu un impact significatif dans le domaine de l'art russe du XXe siècle, notamment en établissant des ponts entre l'avant-garde et les traditions picturales plus classiques. Sa voix unique a contribué à enrichir le patrimoine artistique russe, influençant des générations d'artistes avec sa fusion de styles et de concepts. Il a été reconnu pour sa capacité à illustrer la société russe à travers le prisme de ses luttes et de sa beauté. Sa série 'Rasseïa' a ainsi aidé à jeter un regard nouveau sur la culture paysanne, devenant un élément d'étude pour les chercheurs intéressés par l'ethnographie et les traditions russes. En tant qu'enseignant, il a transmettu sa passion et ses techniques à ses étudiants, insufflant une nouvelle dynamique à l'enseignement artistique en Russie et dans ses pays d'accueil. Ce qui souligne son héritage est la permanence de ses œuvres dans les collections majeures, ainsi que le redécouverte de son apport par des expositions récentes. Son exploration de thèmes universels lui a permis de rester pertinent dans le discours artistique contemporain.

Boris Grigoriev a participé à de nombreuses expositions marquantes tout au long de sa carrière. Parmi celles-ci, on peut citer sa première exposition à Saint-Pétersbourg avec le groupe Mir Iskusstva, qui l'a établi comme une figure montante de l'avant-garde. En 1921, il participe à une exposition au célèbre Salon d'Automne à Paris, où il est remarqué pour ses œuvres vibrantes et son style audacieux. À partir de 1926, ses expositions personnelles à Paris, qui rencontrent un grand succès, font de lui un artiste recherché par les galeries et collectionneurs. En 1932, son tableau 'Visages du monde', une œuvre monumentale consacrée à la Société des Nations, est acquis par la ville de Prague, ce qui témoigne de l'internationalisation de son art. Grigoriev reste également actif dans le cercle artistique en France, participant à des expositions collectives et nationales qui illustrent son engagement dans la scène artistique de son temps. Après sa mort, une rétrospective lui fut consacrée, permettant de redécouvrir son travail et son influence. Aujourd'hui, ses œuvres continuent d'être présentées dans plusieurs musées et galeries à travers le monde, de la Russie à l'Europe, renforçant ainsi la reconnaissance de son talent.