Carlos Alonso

Carlos Alonso est né le 4 février 1929 à Tunuyán, en Argentine, au sein de la province de Mendoza. Dès son jeune âge, il manifeste un réel intérêt pour l'art, décrochant les études à 14 ans pour intégrer l'Académie nationale des beaux-arts de Cuyo. C'est là qu'il commence à développer ses compétences artistiques sous la tutelle de professeurs renommés, notamment Lino Enea Spilimbergo. Son parcours s'enrichit grâce à Domingo Viau, qui l'encourage à poursuivre ses études en Europe, ce qui lui permet de se rendre en France et en Espagne. À son retour en Argentine, il continue de s'épanouir artistiquement en collaborant avec des figures majeures telles qu'Antonio Berni et Juan Carlos Castagnino. La reconnaissance de son talent survient rapidement : en 1951, il remporte le premier prix à l'Exposition de peinture de San Rafael, suivi en 1957 par un concours organisé par la revue Emecé, pour illustrer des œuvres emblématiques comme le 'Don Quichotte' de Miguel de Cervantes et le 'Martín Fierro' de José Hernández. L'année 1961 marque un tournant dans sa carrière, alors qu'il découvre l'acrylique lors d'un voyage à Londres. Ce nouveau médium enrichit son expression artistique. En 1971, ses œuvres trouvent un écho international avec des expositions dans plusieurs grandes galeries en Italie et au Royaume-Uni. Cependant, sa vie est bouleversée en 1976, lorsque sa fille Paloma est assassinée lors d'un coup d'État en Argentine. Cette tragédie le pousse à s'exiler en Europe, d'abord en Italie puis en Espagne. Ce n'est qu'en 1981 qu'il rentre en Argentine et expose à nouveau ses œuvres dans plusieurs galeries et musées, témoignant de sa résilience face à l'adversité. Aujourd'hui, il vit dans la province de Córdoba, à Unquillo, et continue de produire des œuvres marquantes et engagées.

Carlos Alonso est souvent associé au mouvement du réalisme social, un courant artistique qui met en avant les réalités sociopolitiques. Son œuvre est caractérisée par une vue critique de la société, s'attaquant à des thèmes lourds comme la mémoire collective, la violence systémique et l'érotisme. Influencé par l'expressionnisme, Alonso parvient à créer des œuvres évocatrices qui poussent le spectateur à la réflexion. La palette de couleurs qu'il utilise est souvent vive, soulignant l'intensité des émotions qu'il souhaite transmettre. Son adoption de l'acrylique en 1961 lui permet de donner une nouvelle dimension à son travail, exploitant ses propriétés pour jouer avec l'intensité et la texture. Les sujets de ses œuvres oscillent entre des portraits émotionnels témoignant de la souffrance et des scènes de la vie quotidienne argentine, revisitées à travers une lentille critique. Les personnages qu'il dépeint sont souvent déformés et stylisés, ce qui accentue leur expressivité et l'impact émotionnel de ses œuvres.

L'impact de Carlos Alonso sur la scène artistique argentine est indéniable. En tant qu'artiste engagé, il a su utiliser sa créativité pour commenter les réalités sociales, particulièrement pendant les périodes de turbulences politiques en Argentine. Son œuvre est souvent considérée comme une forme de résistance contre l'oppression et a influencé de nombreux artistes contemporains qui ont suivi son exemple. Les thèmes qu'il aborde continuent à résonner aujourd'hui, faisant de lui une figure importante du patrimoine artistique argentin. En 2018, il a reçu le 'Premio Nacional a la Trayectoria Artística', une reconnaissance qui souligne l'importance de sa carrière et son dévouement à l'art. Le 'Prix Konex' témoigne aussi de son impact sur la culture et les arts visuels en Argentine. Les œuvres d'Alonso sont conservées dans plusieurs musées et collections privées, et continueront d'inspirer de futures générations d'artistes et de spectateurs. Son engagement envers la mémoire et la vérité en fait un témoin essentiel des réalités passées et présentes en Argentine.

Carlos Alonso a présenté son travail dans de nombreuses expositions importantes, tant en Argentine qu'à l'international. Parmi ses expositions notables, on trouve celles réalisées dans des galeries prestigieuses comme les galeries Giulia à Rome, Eidos à Milan et Bedford à Londres, où il a exposé régulièrement à partir de 1971. Son retour en Argentine en 1981 a marqué le début d'une nouvelle série d'expositions dans des lieux emblématiques comme le Musée National des Beaux-Arts et les galeries Palatine et Zurbarán, où il a pu reconnecter avec son public local. Son travail a également été montré dans des expositions collectives qui explorent le réalisme social et l'art engagé, témoignant de l'influence de ses œuvre dans le contexte plus large de l'art latino-américain. À travers ses expositions, Alonso a non seulement partagé son talent, mais a aussi suscité des dialogues autour des questions sociales et politiques en Argentine, solidifiant ainsi sa place en tant qu'artiste essentiel du XXe siècle.