Edward Mitchell Bannister

Edward Mitchell Bannister est né le 2 novembre 1828 à Saint Andrews, Nouveau-Brunswick, au Canada. Fils d'un père barbadien et d'une mère d'ascendance incertaine, il grandit dans une époque où les préjugés raciaux étaient omniprésents. Après la mort de son père, il et son frère sont élevés par leur mère, ce qui stimule son intérêt pour l'art. Bannister déménage plus tard à Boston, où il fait face à des défis pour obtenir une reconnaissance artistique en raison de sa race. Néanmoins, il se forge une carrière en tant que peintre, portraitiste et photographe, tout en s'impliquant dans le mouvement abolitionniste. Marié à Christiana Carteaux en 1857, il devient une figure influente dans la communauté artistique afro-américaine de Boston avant de s'établir à Providence, Rhode Island. Sa carrière connaît un tournant en 1876, lorsqu'il remporte le premier prix à l'Exposition universelle pour sa peinture 'Under the Oaks'. Bannister meurt le 9 janvier 1901 à Providence, laissant un héritage artistique important sans être largement reconnu jusqu'à des décennies plus tard.

L'œuvre d'Edward Mitchell Bannister est marquée par le tonalisme et un style inspiré par l'École de Barbizon, notamment Jean-François Millet et Jean-Baptiste-Camille Corot. Ses paysages, souvent à l'huile, dépeignent des scènes pastorales et maritimes qui reflètent son admiration pour la nature. Bannister utilise des coups de pinceau libres et une palette subtile pour créer des atmosphères mélancoliques. Bien qu'il ait commencé en tant que portraitiste, son passage vers les paysages témoigne de son évolution artistique. Bannister expérimentait constamment et sa peinture établit un dialogue entre les thèmes de la beauté naturelle et des luttes sociales, évoquant subtilement des allusions à la condition afro-américaine à travers des compositions symboliques. Son tableau 'Hay Gatherers', par exemple, incarne l'oppression des travailleurs afro-américains tout en soulignant leur humanité. Bien que sa palette ait évolué pour inclure des tons plus lumineux et doux dans ses œuvres plus tardives, la constante dans tous ses travaux reste son engagement envers la représentation sincère de la vie qu'il observe.

Edward Mitchell Bannister est reconnu comme l'un des premiers artistes afro-américains influents de la fin du XIXe siècle, mais son héritage a été longtemps ignoré. Alors qu'il était bien respecté dans la communauté artistique de Providence, il a longtemps été omis des récits dominants de l'histoire de l'art américain. Ce n'est qu'à partir des années 1960 que son travail a commencé à être redécouvert, notamment grâce à des institutions comme le Musée national d'Art africain qui ont mis en lumière sa contribution. Son style et ses choix thématiques continuent d'inspirer de nouveaux artistes afro-américains, et son engagement pour la liberté et l'égalité se retrouve dans leurs œuvres. En 1976, Bannister a été intronisé au Rhode Island Heritage Hall of Fame et un espace d'exposition, la Bannister Gallery, a été créée au Rhode Island College pour honorer son travail. De plus, le changement de nom de Magee Street en Bannister Street en 2017 illustre la reconnexion de son héritage avec la communauté contemporaine. L'érudition en cours visant à établir un catalogue raisonné de ses œuvres reflète un intérêt croissant pour sa vie et son art, renforçant son statut dans l'art américain.

Les œuvres d'Edward Mitchell Bannister ont été exposées dans plusieurs institutions notables après sa mort. En 1901, une exposition commémorative a été organisée en son honneur par le Providence Art Club, mais elle a négligé son activisme abolitionniste. Ce n'est qu'à partir des années 1960 que des expositions plus complètes sont prévues, abordant ses contributions et son influence. En 1973, le Musée national d'Art africain a organisé une exposition majeure intitulée 'Edward Mitchell Bannister, 1828–1901: Providence Artist', revisitée par le mouvement des droits civiques. Le Rhode Island College a ouvert la Bannister Gallery en 1978, dédiée à son art et mettant en valeur l'héritage afro-américain dans l'art. En 2018, le musée Gilbert Stuart a proposé une exposition appelée 'My Greatest Successes Have Come Through Her', soulignant la collaboration entre Bannister et sa femme Christiana. Ces expositions et d'autres ont permis de redécouvrir Bannister comme une figure essentielle de l'histoire de l'art américain.