Élisabeth Sonrel

Élisabeth Sonrel, née le 17 mai 1874 à Tours, est une artiste peintre et illustratrice française, représentante notable de l'Art nouveau et du symbolisme. Fille de Nicolas Stéphane Sonrel, un médecin militaire et peintre amateur, elle a été encouragée dès son plus jeune âge à poursuivre sa passion pour l'art. Son père a joué un rôle décisif dans son éducation artistique, lui transmettant ses compétences de peintre. Dès son adolescence, Élisabeth montre une affinité avec le symbolisme, attirée notamment par les thèmes mystiques et les allégories. Elle se forme à l'Académie Julian à Paris, sous la tutelle de Jules Lefebvre entre 1891 et 1892. Son travail de fin d’études comprend la toile 'Pax et Labor', qui sera plus tard exposée au musée des beaux-arts de Tours. En 1893, elle commence à exposer au Salon de peinture et de sculpture de Paris, où sa carrière prend véritablement son envol. Élisabeth Sonrel déménage en 1895 dans son propre atelier à Sceaux, lieu qui devient central à sa pratique artistique. Son voyage en Italie, notamment à Florence et à Rome, lui permet de découvrir et de s'imprégner des œuvres de la Renaissance, notamment de Botticelli, un peintre qui influencera par la suite son art. En 1900, elle participe à l'Exposition universelle, où elle est récompensée par une médaille de bronze pour son œuvre 'Le Sommeil de la Vierge'. Outre la peinture, elle excelle également dans l'illustration de livres, produisant des œuvres à contenu religieux et des affiches. Le début des années 1900 la voit passer du symbolisme à une approche plus naturaliste, inspirée par la Bretagne. Les années 1930 sont marquées par la construction d'une villa à La Baule, un lieu d'inspiration pour ses délicates représentations de paysages côtiers. Élisabeth Sonrel continue de peindre jusqu'à sa mort, survenue le 9 février 1953 à Sceaux. Bien qu'elle ait connu le succès de son vivant, elle a été oubliée après sa mort et n’a été redécouverte qu’à partir des années 1970, réhabilitant son héritage artistique.

L'œuvre d'Élisabeth Sonrel est identifiable par son style symboliste et sa proximité avec l'Art nouveau. Elle excelle dans l'utilisation de mediums comme l'aquarelle, la gouache et l'encre, ce qui lui permet de créer des compositions délicates et lumineuses. Son travail est souvent centré sur des thèmes mystiques et des personnages féminins idéalisés, inspirés de la légende arthurienne et des récits mythologiques. Les images de femmes qu'elle peint sont souvent représentées dans des décors naturels richement ornementés, jouant sur la floraison et les couleurs douces. La représentation de la féminité et des aspects spirituels de la vie sont omniprésents dans ses œuvres. Une influence notable est celle des préraphaélites, visibles dans ses traitements de la lumière et des textures. Les motifs floraux sont également caractéristiques, et elle joue souvent avec des palettes de couleurs pastel. À partir de 1900, sa technique évolue vers un style plus naturaliste, notamment dans ses peintures de paysages et de scènes de la vie quotidienne en Bretagne, tout en gardant une touche de poésie au milieu de la réalité.

Bien que sa carrière ait été marquée par le succès, Élisabeth Sonrel fut longtemps oubliée après sa mort. Ce n'est qu'à partir des années 1970 que son œuvre a commencé à être redécouverte et réévaluée. Elle a joué un rôle crucial dans la diffusion de l'Art nouveau en France et a contribué à l'enrichissement du mouvement symboliste. Son influence s'étend à travers ses illustrations de livres qui ont offert une visibilité à son art et à ses inspirations religieuses. Son travail est aujourd'hui reconnu comme une représentation significative du symbolisme féminin à cette époque. Élisabeth Sonrel est également perçue comme une pionnière dans l'intégration de la nature dans le cadre artistique, un trait qui résonne encore avec les artistes contemporains cherchant à établir un lien entre la féminité et le monde naturel. La réévaluation de son œuvre a permis d’éclairer le rôle des artistes femmes dans le mouvement artistique français du début du XXe siècle, faisant d'elle une figure emblématique du symbolisme et de l’Art nouveau.

Les expositions marquantes d'Élisabeth Sonrel incluent sa participation au Salon de peinture et de sculpture entre 1893 et 1941, où elle se fait remarquer pour ses œuvres emblématiques. L'Exposition universelle de 1900, où elle obtient une médaille de bronze pour 'Le Sommeil de la Vierge' est un moment clé dans sa carrière. De plus, ses œuvres sont présentes dans plusieurs musées, notamment au musée des beaux-arts de Tours et au musée du Faouët. Son travail a également été exposé à des endroits tels que le musée d'Art et d'Industrie de Saint-Étienne, où ses pièces brodées sont incluses dans les collections. La redécouverte de son œuvre dans les années 70 a entraîné plusieurs expositions rétrospectives visant à établir son statut dans l'histoire de l'art, et des publications sur son travail ont contribué à sa renommée croissante au sein des cercles d’historiens de l’art. Aujourd’hui, son héritage est célébré non seulement pour la beauté de ses peintures, mais aussi pour son rôle dans l’évolution de l’art féminin au début du siècle dernier.