Félix Del Marle

Félix Lucien Aimé Delmarle, connu sous le nom de Félix Del Marle, est né le 21 octobre 1889 à Pont-sur-Sambre, dans le département du Nord. Élevé dans une famille modeste, son père était brasseur et sa mère ménagère. Après avoir suivi des études classiques, il se forme à l'Académie des beaux-arts de Valenciennes puis à l'école des beaux-arts de Lille. En 1912, il s'installe à Paris où il rencontre des figures majeures de l'avant-garde artistique, comme Guillaume Apollinaire et Gino Severini, avec qui il partage un atelier. L'année suivante, il s'affilie au mouvement futuriste, s'illustrant par ses œuvres inspirées des machines et de la dynamique urbaine. En 1914, il présente « Le Port » au Salon des surindépendants, qui résume ses explorations futuristes. Pendant la Première Guerre mondiale, il est mobilisé et s'illustre également comme caricaturiste, reflétant la vie des tranchées dans le journal de guerre, « Taca Tac Teuf Teuf ». Après la guerre, il explore différents langages esthétiques, notamment la satire sociale, avant de s'orienter vers l'abstraction en découvrant l'œuvre de František Kupka en 1924. En 1927, il devient un ardent défenseur du néoplasticisme de Piet Mondrian et dirige la revue d'avant-garde, « Vouloir ». Au fil des années, ses recherches le mènent à un retour à la peinture figurative dans les années 1930, influencé par un nouveau surréalisme imprégné de symbolisme. À partir de 1945, il renouvelle sa pratique en fusionnant l'abstraction avec des éléments constructivistes. Il cofonde le groupe Espace en 1951, s'intéressant à la couleur dans l'architecture et les polychromies. Del Marle meurt le 2 décembre 1952 à Courbevoie, laissant derrière lui un riche héritage artistique.

L'œuvre de Félix Del Marle se distingue par son parcours créatif riche en transformations, englobant divers mouvements artistiques du début du XXe siècle. Il commence par explorer les principes futuristes, mettant en avant des thèmes liés à la modernité et au mouvement, caractéristiques de l'œuvre futuriste. Cela se manifeste dans ses premières œuvres tels que « Métro, gare d’Orléans » et « Station de métro Montparnasse », où il utilise des lignes dynamiques et des couleurs vives pour capturer la frénésie de la vie urbaine. Pendant la guerre, sa pratique évolue vers des caricatures satiriques, engageant un commentaire social sur la situation politique et militaire. À partir de 1924, Del Marle s'oriente vers l'abstraction musicale, exploitant la relation entre la peinture et la musique, qu'il appelle le 'musicalisme'. Cette période inclut une adhésion aux doctrines néoplastiques de Mondrian, qu'il applique dans des œuvres géométriques aux couleurs vives et à l'harmonie évidente. Dans les années 1930, son retour temporaire à la figuration démontrait sa capacité à naviguer entre abstraction et représentation, tout en intégrant des éléments symboliques dans ses compositions. Enfin, ses derniers travaux, comme les constructions architecturales des usines Renault de Flins, reflètent une synthèse des arts où il cherche à intégrer la couleur et l'espace. Del Marle était un artiste en constante évolution, se réinventant à travers chaque phase, ce qui rend son œuvre difficile à cataloguer mais profondément influente.

Félix Del Marle a eu un impact significatif sur l'art moderne français en tant qu'un des pionniers de l'abstraction et du néoplasticisme. Son engagement avec le mouvement futuriste et sa capacité à intégrer la modernité dans son travail lui ont permis de participer à la redéfinition de la peinture du XXe siècle. Son rôle au sein du Salon des réalités nouvelles, qu'il a contribué à fonder, a permis la visibilité de nombreux artistes abstraits, témoignant de son influence durable. Par ailleurs, sa contribution à la polychromie architecturale a ouvert la voie à une conception intégrée de l'art et de l'architecture, un concept de plus en plus exploré par les artistes contemporains. Son retour vers l'abstraction après la guerre et ses explorations sont considérés comme des bases pour l'art contemporain, surtout dans la manière dont il aborde la couleur, l'espace et les formes géométriques. Sa capacité à franchir les frontières entre divers styles en fait un artiste clé de la scène artistique de son époque, dont l'influence se ressent encore aujourd'hui au sein des avant-gardes contemporaines. L'exposition rétrospective organisée en 1989 par la galerie Drouart a contribué à sa redécouverte et à la réévaluation de son œuvre dans le contexte de l'histoire de l'art moderne.

Félix Del Marle a été présenté dans une série d'expositions marquantes qui ont mis en avant son travail innovant et sa contribution à l'art moderne. Parmi celles-ci, le Salon des surindépendants en 1914, où il expose « Le Port », marque un tournant dans sa carrière. Dans les années 1920, il participe à divers salons et expositions d'avant-garde qui valorisent l'abstraction. En 1945, il participe à la création du Salon des réalités nouvelles, qui devient une plateforme essentielle pour les artistes abstraits. Deux expositions notables ont eu lieu en 1996 dans les musées Matisse du Cateau-Cambrésis et des Beaux-Arts de Calais, qui ont mis en lumière ses contributions à la polychromie architecturale. En 2000, son travail sur les polychromies des usines Renault de Flins a été célébré lors d'une exposition au musée de Grenoble, soulignant l'importance de ses constructions dans le paysage contemporain de l'art. La retraite de 1989 à la galerie Drouart à Paris reste une exposition phare qui a jeté un nouvel éclairage sur son parcours et son héritage, attirant l'attention des historiens de l'art et du public sur cet artiste incontournable de son époque.