Friedrich Schröder Sonnenstern

Friedrich Schröder Sonnenstern, né Emil Friedrich Schröder le 11 septembre 1892 à Kaukehmen, Allemagne, a traversé une vie parsemée de défis personnels, marquée par des troubles mentaux et une passion dévouée à la création artistique. Enfant, son existence fut influencée par des séjours répétés en maisons de correction, et il fut finalement interné dans un hôpital psychiatrique à l'âge de 20 ans, où un diagnostic de démence précoce lui fut attribué. Son expérience dans ces institutions ait été à la fois tragique et fructueuse, car c'est là qu'il découvrit la peinture et le dessin, travaillant sous des influences variées, notamment celles de ses pairs dans le milieu psychiatrique. Après être mobilisé pendant la Première Guerre mondiale et avoir connu divers internements, Schröder Sonnenstern s'installa à Berlin en 1919. Il se fit connaître sous le nom de Gustav Gnass, se présentant comme naturopathe et magnétiseur, et fonda une secte chrétienne nommée 'Eliot le roi soleil'. Ce contexte spirituel et ésotérique imprégna de manière significative son œuvre artistique ultérieure.

Dans les années qui suivirent, sa carrière artistique prit réellement son envol. C'est au contact de l'art brut qu'il trouva sa voix, grâce à des rencontres avec des artistes comme Hans Ralfs et Juro Kubicek. À partir des années 1940, il commença à créer des dessins illustrant ses poèmes et aphorismes, s'orientant vers un style à la fois brut et profondément évocateur. En 1955, grâce à une galerie de Berlin, ses œuvres commencèrent à être vendues. Les expositions de 1959 à Paris, présentées par Jean Dubuffet, marquèrent un moment crucial dans sa carrière, le propulsant sur la scène artistique internationale. Cependant, au fil des années, sa dépendance à l'alcool et le contrôle qu'il avait sur ses œuvres devinrent plus problématiques, entraînant des changements notables dans son processus créatif. Il mourut à Berlin en 1982 à l'âge de 89 ans, laissant derrière lui un corpus d'œuvres profondément marquées par son expérience personnelle et son parcours tumultueux.

Friedrich Schröder Sonnenstern est une figure emblématique de l'art brut, un mouvement qui valorise les créations artistiques de personnes en dehors des conventions artistiques traditionnelles, notamment celles issues de milieux psychiatriques. Son œuvre se caractérise par des motifs sexuels et scatologiques, souvent associés à des thèmes mystiques et ésotériques. Les couleurs vives et les formes organiques inspirées par la nature et la sensualité sont omniprésentes dans ses travaux. Schröder Sonnenstern utilisait fréquemment l'analogie du corps comme un paysage à explorer, reliant son art à son vécu personnel. Son approche était spontanée, privilégiant une expression libre et instinctive, sans souci des règles académiques ou des jugements extérieurs.

Au cours de sa carrière, son style évolua considérablement. Ce qui commença comme des œuvres modestes, souvent illustratives, devint des compositions plus ambitieuses, grâce à l'assistance d'artistes et d'amis proches. Ses tableaux étaient souvent le fruit d'un processus collaboratif, paradoxalement, son nom seul était associé à l'œuvre finale. Ce phénomène soulève des questions complexes sur la notion d'authenticité et de propriété artistiques. Les thèmes de la sexualité, de l'innocence perdue et de la connection entre l'homme et le cosmos sont omniprésents dans son travail, faisant de ses créations des réflexions sur l'existence humaine et les luttes internes. Scribouillant et peignant dans un état souvent altéré par l'alcool, son travail était empreint d'une sorte de désespoir, mais aussi d'un plaisir authentique. Sa dernière œuvre, intitulée 'L’éternel féminin nous attire en haut', témoigne de son besoin insatiable de créer jusqu'à la fin de sa vie.

L'impact de Friedrich Schröder Sonnenstern sur le monde de l'art brut et contemporain est subtile et significatif. En exposant son œuvre à un public plus large à travers les galeries et les salons d'art, il a contribué à sensibiliser aux visions des artistes souvent négligés, en l'occurrence, ceux issus de contextes psychiatriques perturbés. Son travail a ouvert la voie à une meilleure compréhension et une plus grande acceptation des artistes marginaux et de leur contribution précieuse à l'art moderne. Son style unique a influencé de nombreux artistes contemporains qui explorent aún compte la fragilité humaine et les défis psychologiques.

De plus, Schröder Sonnenstern est souvent mentionné dans le cadre des discours sur la santé mentale en relation avec l'art, soulignant les thèmes de la lutte, de la créativité et de la guérison. Son œuvre continue d'être étudiée dans le contexte des mouvements artistiques privilégiant les voix non conventionnelles et des expressions structurées autour de la psyché humaine. Ses dessins et peintures sont désormais conservés dans des musées et collections à travers le monde, reflétant l'indélébile influence qu'il a eue sur l'art du XXe siècle. La fascination persistante pour sa vie et son travail témoigne d'un désir de redécouvrir ces artistes qui ont transformé leurs luttes personnelles en œuvres d'art puissantes et poignantes. Les expositions rétrospectives et les publications continuent d'alimenter l'intérêt pour son art, enfouissant encore plus sa mémoire dans l'histoire de l'art.

Friedrich Schröder Sonnenstern fut exposé dans plusieurs événements notables tout au long de sa carrière. En 1955, la galerie de Rudolf Springer à Berlin a été l'une des premières à reconnaître son génie artistique, mettant en avant ses œuvres auprès d'un public plus large. L'année 1959 représente un tournant majeur, lorsque Schröder Sonnenstern fut présenté par Jean Dubuffet à la célèbre exposition 'Art brut' à Paris, attirant l'attention internationale sur son œuvre. Peu après, il participa à l'Exposition inteRnatiOnale du Surréalisme (EROS) organisée par la galerie Daniel Cordier, élargissant encore davantage sa popularité.

Ses œuvres ont été inclues dans des expositions collectives mettant en avant l'art brut et outsider, souvent scriptées sur la façon dont ces créations se distinguent des œuvres académiques traditionnelles. Après sa mort, son œuvre a continué d'être présentée dans de nombreuses rétrospectives, servant de pont entre le monde de l'art brut et les institutions d'art contemporaines. Le Mönchehaus Museum Goslar a accueilli une exposition importante en 2024, 'Friedrich Schröder-Sonnenstern. Der dreifache Mondweltmeister', consacrée à ses méditations artistiques sur le cosmos. Ces expositions renforcent l'importance historique et culturelle de son travail, tout en rappelant l'influence durable de Schröder Sonnenstern dans l'histoire de l'art européen.