Geta Bratescu

Geta Brătescu, née Georgeta Ana Comanescu le 4 mai 1926 à Ploiești, Roumanie, et décédée le 19 septembre 2018 à Bucarest, est une artiste roumaine reconnue comme l'une des pionnières de l'art conceptuel dans son pays. Sa formation artistique débute après la Seconde Guerre mondiale, lorsque Brătescu s'inscrit à l'Université de Bucarest et à l'école des beaux-arts. Cependant, sa carrière prend un tournant lorsqu'elle est exclue de l'école en 1949. Dans les années 1950, elle commence à illustrer des livres pour enfants, tout en restant active en tant que graphiste et illustratrice pour des publications culturelles durant les années de répression politique en Roumanie. Son œuvre se développe dans un contexte où elle doit naviguer à travers les limites imposées par le régime communiste. En 1978, elle réalise 'The Studio', une performance filmée par Ion Grigorescu, qui marque un moment pivot dans sa carrière, explorant la place des femmes et l'éthique à travers la création. À partir des années 1970, elle évolue vers l'expérimentation avec divers médias, intégrant la photographie, la tapisserie, la gravure, le collage et même le film dans son processus créatif. En 2016, elle est célébrée lors d'une rétrospective à la Kunsthalle de Hambourg pour son 90e anniversaire. Geta Brătescu a également représenté la Roumanie à la Biennale de Venise en 2017, et a été honorée de nombreux prix, dont le titre d'« Étoile de la Roumanie » en janvier 2018, peu avant son décès.

L'œuvre de Geta Brătescu est marquée par une approche interdisciplinaire et une exploration constante des thèmes de l'identité, de la mémoire et de la féminité. Utilisant une variété de médias, comme les collages, les photos, les pièces de tapisseries et des installations, elle crée un dialogue entre le corps, l'espace et l'obsession personnelle. Ses collages sont souvent réalisés à partir de matériaux ordinaires et recyclés, tels que des emballages de chocolats ou des vieux journaux, ce qui témoigne d'un engagement envers la réutilisation et le bricolage. Dans ses travaux, elle mesure et dessine des objets en utilisant son propre corps, questionnant ainsi les notions d'espace et de présence. Brătescu joue avec la dualité de l'expérience humaine, explorant des thèmes tels que la maternité, l'héritage et la condition féminine. Son style allie une simplicité esthétique à une complexité conceptuelle, ce qui lui permet de tisser des récits personnels à partir d'éléments quotidiens. Elle utilise également le fait de se représenter dans ses œuvres, transformant sa propre expérience en langage visuel. Ses performances et installations interrogent non seulement sa propre existence, mais également celui de la société dans son ensemble, la rendant ainsi profondément pertinente pour le public contemporain.

Geta Brătescu a laissé une empreinte indélébile sur l'art contemporain roumain et international. En tant que pionnière de l'art conceptuel, elle a ouvert la voie à de nombreuses générations d'artistes femmes qui ont suivi dans son sillage. Reconnue principalement après 2010 pour son œuvre, elle est souvent comparée à d'autres artistes majeures des années 60 et 70, telles que Louise Bourgeois et Eva Hesse, pour sa capacité à traiter des expériences féminines de manière innovante et pertinente. Son apport à l'art est également en grande partie un témoignage de son engagement face aux défis politiques et sociaux, utilisant son art pour explorer des thématiques universelles issues de son vécu. Brătescu a contribué à divers mouvements artistiques en Roumanie et a inspiré des débats autour de l’égalité des genres et de l’identité culturelle, devenant ainsi une figure emblématique de l'art féministe. Post-mortem, son œuvre continue d'être redécouverte et célébrée à l’international, et sa participation à des biennales comme celle de Venise a permis de mettre l'accent sur le rôle crucial des artistes roumains dans le contexte global. Enfin, Brătescu a su établir un pont entre l'art et l'éducation, car son travail est souvent exposé dans le cadre de programmes dédiés à la sensibilisation à l'art contemporain dans les écoles et les institutions culturelles.

Durant sa carrière, Geta Brătescu a été présente dans plusieurs expositions majeures qui ont permis de mettre en lumière son œuvre. Elle participe à sa première Biennale de Venise en 1960, une expérience qui marque le début de sa reconnaissance sur la scène internationale. Son travail est montré dans une rétrospective au Musée national d'art de Roumanie en 1999, où sa contribution à l'art roumain est reconnue. En 2013, elle présente des œuvres lors de la Biennale de Venise sous le thème 'The Encyclopedic Palace', qui souligne son impact dans le monde de l'art contemporain. Plus récemment, elle a eu des rétrospectives à la Kunsthalle de Hambourg et à Tate Liverpool en 2015. En 2017, sa participation à la Biennale de Venise, avec le projet 'Appearances', marque une reconnaissance significative de son héritage et de son influence sur l'art contemporain. D'autres expositions notables incluent 'Un atelier à soi' au Musée des beaux-arts de Gand et 'The Studio: A Tireless, Ongoing Space' au Camden Arts Centre, qui mettent en avant la diversité et la profondeur de son travail. Ces expositions ont non seulement capturé l’essence de son approche artistique, mais ont également suscité des dialogues sur le rôle de l’artiste dans la société et l'importance de la mémoire et de l'identité dans la création artistique.