Igor Grabar

Igor Emmanouïlovitch Grabar, né le 13 mars 1871 à Budapest, en Autriche-Hongrie, et décédé le 16 mai 1960 à Moscou, est une figure éminente de l'historiographie artistique et de la peinture soviétique. Issu d'une famille slavophile, il grandit dans un environnement culturel engagé, son père étant avocat et politicien. En raison de l'opposition politique, la famille s'installe en Russie en 1880. Dès son jeune âge, Igor montre des talents artistiques, fréquente le lycée Tsarévitch-Nicolas à Moscou, puis s'inscrit à l'Université de Saint-Pétersbourg pour étudier le droit. Cependant, son désir de devenir artiste le pousse à rejoindre l'Académie impériale des Beaux-Arts où il étudie sous Ilia Répine. Grabar part ensuite pour Munich, s'inscrivant à l'école privée d'Anton Ažbe. En 1901, il revient en Russie, apportant avec lui des influences de l'impressionnisme et fondera la direction de la peinture russe moderne. Parallèlement à sa carrière de peintre, il est également écrivain, historien de l'art, et muséologue. Directeur de la Galerie Tretiakov de 1913 à 1926, il est un acteur central dans la conservation des œuvres d'art soviétiques, initiant la restauration scientifique et artistique en Russie. Son implication dans l'histoire de l'art se prolonge jusqu'à sa mort, étant un porte-parole key des arts et de la culture en Union soviétique.

L'œuvre d'Igor Grabar se caractérise particulièrement par son exploration des paysages, des natures mortes et des portraits, affichant une sensibilité à la lumière et à la couleur. Ses débuts sont marqués par l'influence de l'impressionnisme qu'il découvre lors de ses voyages en Europe. Il utilise des techniques comme le divisionnisme et la décomposition des couleurs pour représenter la réalité d'une manière vivante et dynamique. Ses célèbres œuvres de paysages, telles que 'Neige de septembre', sont appréciées pour leur utilisation audacieuse de la couleur et leur capacité à capturer l'atmosphère de l'environnement naturel. Grabar peint très souvent en plein air, cherchant à capturer les nuances subtiles de la lumière sur la neige et la terre russe. En parallèle, ses natures mortes, telles que 'Thé de l'après-midi', mettent en avant l'intimité de la quotidienneté avec une touche de mélancolie. Grabar cherche à établir un dialogue entre l’art et la vie quotidienne, ainsi que l’esthétique et la réalité. En évoluant avec le temps, son style se transforme et s'adapte aux courants artistiques du XXe siècle, intégrant des éléments de réalisme social, notamment dans ses portraits et ses œuvres plus politiques qui soulignent son engagement envers la culture soviétique.

Igor Grabar a eu un impact majeur sur l'art en Union soviétique et au-delà. En tant que conservateur et directeur de la Galerie Tretiakov, il a modernisé et réformé le musée, rendant l'art davantage accessible au grand public. Son rôle dans la conservation et la restauration d'œuvres d'art en Russie a contribué à la préservation de l'héritage artistique du pays, notamment en créant des fonds et des centres de restauration scientifique. Grabar est reconnu non seulement pour ses contributions artistiques mais également pour son influence en tant qu'historien de l'art. Ses écrits et publications, notamment 'Histoire de l'art russe', ont façonné la compréhension et l'étude de l'art russe, offrant une approche systématique et critique de sa richesse et sa diversité. Par ses activités éducatives, il a aussi formé de nombreux artistes qui ont hérité de sa vision et de ses techniques. Ses travaux continuent d'être exposés dans des musées à travers le monde, témoignant de son importance et de sa réputation durable dans le milieu artistique international.

Parmi les expositions importantes figurent celles de la Galerie Tretiakov où Grabar a présenté ses œuvres personnelles ainsi que celles d'autres peintres contemporains, contribuant à une nouvelle appréciation des artistes russes. En 1914, il participa à l'exposition internationale des Arts de Venise, où il a montré ses accomplissements individuels dans un cadre mondial. Son rôle à l'Institut scientifique d'Histoire de l'Art lui a permis d'organiser d'autres exposés d'icônes et d'œuvres russes contemporaines aux États-Unis, à Paris, et à Berlin dans les années 1920 et 1930. Ces expositions ont non seulement permis de mettre en avant son propre travail, mais aussi de promouvoir l'art soviétique à une échelle internationale, renforçant la position de la culture russe sur la scène mondiale. Ses œuvres continuent d'être célébrées, notamment dans le cadre de rétrospectives et d'expositions sur l'impressionnisme et le post-impressionnisme russes.