Joan Mitchell

Joan Mitchell est née le 12 février 1925 à Chicago, dans une famille juive aisée. Fille de James Herbert Mitchell, dermatologue, et de Marion Strobel, poétesse, elle grandit dans un milieu intellectuel esthétique. Athlète dans sa jeunesse, elle excelle en équitation, plongée et patinage artistique, tout en démontrant des talents littéraires précoces. Elle s'inscrit au Smith College en 1942, puis étudie à l'Art Institute of Chicago, où elle obtient un Bachelor of Arts en 1947 et un Master of Fine Arts en 1950. Son voyage en Europe en 1948-1949 la révèle à des influences décisives, notamment Vincent van Gogh, Paul Cézanne, et Henri Matisse, et lui permet de s'inspirer de la nature française. Son mariage avec l'éditeur Barney Rosset en 1949 ne dure pas, tout comme son court mariage avec Alan Greenspan. En 1955, elle s'installe en France avec le peintre Jean-Paul Riopelle, une relation qui influence profondément son œuvre. Bien que la carrière de Mitchell se déroule en grande partie à Paris, elle n'oublie jamais ses racines américaines et son rôle dans le mouvement de l'expressionnisme abstrait. À partir des années 1970, ses œuvres prennent des dimensions monumentales, tandis que son œuvre évolue vers des thèmes plus sombres après la mort de ses parents. Faiblement affectée par un cancer, elle poursuit son travail jusqu'à son décès, le 30 octobre 1992, à Paris.

Joan Mitchell est célèbre pour ses œuvres à grande échelle, souvent sous forme de diptyques et triptyques, qui évoquent les paysages et les émotions par la couleur et la gestuelle. Ses tableaux, caractérisés par une technique expressive et énergique, visent à capturer des sentiments plus qu'à représenter des scènes réalistes. Elle décrit sa technique comme une manière de 'transmettre le sentiment d'un tournesol fanant', réunissant des influences des impressionnistes français tout en affirmant une expression abstraite propre. Les couleurs vives et acides, les compositions éparses, et la hâte de ses lignes traduisent une forte empreinte de son environnement parisien et de la nature environnante, où elle puise son inspiration. Mitchell exprime un dialogue constant entre intérieur et extérieur, reliant ses souvenirs et émotions aux paysages qu'elle a expérimentés. Elle met un point d'honneur à affirmer qu'elle n'est pas intéressée par les idées abstraites, mais par la couleur elle-même, située sur la surface plane de ses toiles.

Joan Mitchell est reconnue comme l'une des figures majeures de l'expressionnisme abstrait, faisant figure d'exception en tant que femme dans un milieu artistiquement dominé par des hommes. Son impact va au-delà de son œuvre, ayant contribué à redéfinir la place des femmes artistes dans le monde de l'art. Sa carrière témoigne d'une double lutte contre les préjugés de genre et de classe dans un milieu artistiquement controversé. En établissant la Fondation Joan Mitchell après sa mort, elle a créé un héritage qui soutient des artistes émergents, favorisant ainsi la continuité de sa vision artistique. Son travail est présent dans les collections des plus grands musées, comme le MoMA et le Whitney Museum, et continue d'inspirer des générations de peintres. Sa représentation dans d'importantes expositions et sa reconnaissance par ses pairs, notamment au sein du Eighth Street Club de New York, renforcent son statut unique et prépondérant dans l'histoire de l'art moderne.

La carrière de Joan Mitchell est marquée par de nombreuses expositions notables qui mettent en avant son œuvre et son influence. En 1951, elle participe au 'Ninth Street Show', aux côtés de ses contemporains tels que Jackson Pollock et Willem de Kooning, ce qui lui permet de se faire un nom au sein de l’avant-garde artistique. En 1960, elle organise sa première exposition personnelle à la Galerie Neufville à Paris. La reconnaissance internationale s'intensifie dans les années 1980, avec la première grande rétrospective consacrée à une artiste américaine au Musée d'art moderne de la ville de Paris en 1982. Des expositions ultérieures, telles que 'Joan Mitchell: œuvres de 1951 à 1982' et 'Mitchell/Riopelle' dans différents musées, renforcent sa place dans l'histoire de l'art. En 2021, une rétrospective au Musée d'art moderne de San Francisco met à l'honneur son influence et son héritage. En 2022, des expositions à la Fondation Louis Vuitton, dont 'Monet/Mitchell', révèlent non seulement son lien avec l'impressionnisme, mais également son respect pour la nature, rendant hommage à sa dualité en tant qu'artiste américaine résidant en France.