Jules Chéret

Jean Jules Chéret, né le 31 mai 1836 dans l'ancien 11e arrondissement de Paris et décédé le 23 septembre 1932 à Nice, est une figure emblématique de l'art de l'affiche en France. Fils de Nicolas Marie Chéret, typographe, et de Justine Ormeaud, il est formé dès 1849 en tant que lithographe pendant trois ans avant de travailler comme ouvrier dans une entreprise d'images religieuses. Il suit des cours du soir à la Petite École à Paris, où il développe ses compétences en esquisse et en dessin du mouvement. Après un voyage en Italie et un séjour à Londres, où il découvre les œuvres de Turner et Constable, il revient à Paris en 1866 pour ouvrir son premier atelier de lithographie. Chéret se fait rapidement connaître grâce à ses affiches pour des opérettes, notamment 'Orphée aux enfers' en 1858. Au fil des ans, il produit des centaines d'affiches, contribuant à rendre la lithographie populaire. En 1889, il obtient la médaille d'or à l'Exposition Universelle de Paris et commence une carrière de peintre, réalisant des décors monumentaux et des œuvres décoratives. Malgré une lutte contre la cécité à partir de 1925, Chéret continue d'influencer le monde de l'art jusqu'à sa mort, laissant un héritage indélébile dans le domaine de l'affiche artistique.

L'œuvre de Jules Chéret est caractérisée par sa légèreté, son mouvement, et son utilisation audacieuse des couleurs. Son approche innovante du design d'affiche a permis de transformer la lithographie en un média artistique respecté. Chéret a perfectionné les méthodes d'impression en couleur, ouvrant la voie à des tirages en grands formats. Son style se distingue également par l'apparition de la 'Chérette', une figure féminine joyeuse et élégante, qui incarne l'esprit de la Belle Époque. Cette représentation, à la taille fine et marquée, est souvent perçue à la fois comme une célébration de la féminité et un reflet des fantasmes masculins de l'époque. Les influences de l'art néo-rococo et des estampes japonaises se manifestent dans ses compositions, où la couleur, plutôt que le trait, joue un rôle prédominant. L'utilisation d'une palette réduite, principalement composée des trois couleurs primaires, permet de donner du dynamisme à ses œuvres, tandis que l'emploi limité de cernes confère une modernité à son style.

L'impact de Jules Chéret sur le monde de l'art est considérable. Il a non seulement contribué à l'émancipation de l'affiche en tant qu'art, mais a également ouvert la voie à de nombreux affichistes et peintres contemporains. Son influence se fait sentir chez des artistes comme Henri de Toulouse-Lautrec, Pierre Bonnard et Édouard Vuillard, qui ont intégré ses principes d'esthétique dans leurs propres œuvres. Chéret est souvent reconnu comme le 'maître de l'affiche' et le 'père de l'affiche moderne', ses créations ayant posé les bases d'un mouvement qui allaient marquer la Belle Époque. Son approche novatrice et sa technique d'impression influencent les affichistes du XXe siècle, y compris des artistes comme Alfons Mucha, qui partage une vision similaire de la représentation de la beauté féminine. La popularité de ses œuvres et leur reconnaissance par des critiques d'art, comme Joris-Karl Huysmans, ont établi un nouveau langage visuel, valorisant l'affiche comme un moyen d'expression artistique à part entière.

Tout au long de sa carrière, Jules Chéret participe à de nombreuses expositions qui témoignent de son succès et de sa renommée. Sa première exposition personnelle a lieu en 1889 au théâtre de La Potinière à Paris, où il présente une collection d'affiches, pastels et gouaches, marquant ainsi son entrée dans le monde de l'art décoratif. Chéret est également présent à l'Exposition Universelle de cette même année, où il est récompensé par une médaille d'or, confirmant son talent. En 1900, il est promu au grade d'officier de la Légion d'honneur en reconnaissance de ses contributions artistiques. D'autres expositions notables de Chéret comprennent ses créations monumentales, comme le rideau de scène du théâtre du musée Grévin en 1900, qui demeure emblématique de son œuvre décorative. Un point culminant de sa postérité se produit avec l'exposition 'La Belle Époque de Jules Chéret : de l'affiche au décor', organisée en 2010, qui célèbre son influence et son héritage dans l'univers des arts graphiques.