Ludwig Manzel

Ludwig Karl Manzel est né le 3 juin 1858 à Kagendorf, près d'Anklam, dans une famille modeste. Son père, tailleur, et sa mère, sage-femme, lui inculquent des valeurs de travail et de persévérance. Après la mort de son père en 1872, Manzel déménage à Berlin en 1875 où il intègre l'école des beaux-arts, faisant face à des difficultés financières. C'est grâce à ses illustrations publiées dans des journaux que Manzel parvient à subvenir à ses besoins tout en poursuivant ses études auprès d'Albert Wolff et de Fritz Schaper. En 1880, il remporte son premier grand prix avec son groupe sculpté 'En chemin', lui permettant ainsi de voyager à Paris pendant trois ans grâce à une bourse de la fondation Rohr. À partir de 1889, il s'établit comme sculpteur indépendant à Berlin, créant des œuvres significatives telles que des statues pour la Berliner Dom et le Reichstag. Son travail le met en contact avec des figures impériales, lui valant des commandes prestigieuses et une reconnaissance croissante. En 1895, Manzel est nommé membre de l'Académie des arts et devient professeur à Berlin. Sa carrière l’amène à créer de nombreux monuments à travers la Prusse, et il est impliqué dans l'enseignement artistique au sein de plusieurs académies. Dans les dernières années de sa vie, il se tourne vers la peinture, réalisant des tableaux d’autel pour des églises. Manzel décède le 20 juin 1936 à Berlin et est enterré au cimetière Sud-Ouest de Stahnsdorf, où sa tombe est ornée de l'œuvre de son élève Willibald Fritsch.

Ludwig Manzel est connu pour son style éclectique qui varie entre le néo-classicisme et le style monumental. Ses sculptures sont souvent caractérisées par une grande rigueur dans l’anatomie et une attention particulière aux détails, témoignant d'un savoir-faire impressionnant. Il utilise principalement des matériaux traditionnels tels que le marbre et le bronze, créant des œuvres qui se distinguent par leur expressivité et leur grandeur. Ses commandes publicitaires, telles que les statues de figures historiques, révèlent une admiration pour l'héritage prussien et les valeurs impériales. Manzel excelle dans la création de bustes et de bas-reliefs, où il capture l’essence des sujets qui l’ont inspiré. Les thèmes de sa résistance, de la paix et de la gloire sont omniprésents dans son travail, tandis que la représentation de figures religieuses témoigne de sa versatilité en tant qu’artiste. Sa dernière période de création, dédiée à la peinture, montre une approche différente, avec une exploration de thèmes spirituels et une composition plus libre.

Ludwig Manzel a eu un impact considérable sur l'art de la sculpture en Allemagne, d'autant plus qu'il a formé plusieurs artistes, dont notamment Josef Thorak. Son travail dans des monuments publics a contribué à la construction de l'identité culturelle allemande de la fin du XIXe et du début du XXe siècle. En tant que directeur d'atelier, il a imprimé sa vision sur une génération d'artistes, encourageant une approche classique au sein de l'académie des arts. Sa présidence à l'académie prussienne des arts reflète son statut d'autorité et de mentor dans le domaine. Malgré son succès, l’héritage de Manzel a souffert après sa mort, notamment en raison des tumultes politiques et sociaux qui ont suivi la Première Guerre mondiale et la montée du nazisme. Cependant, ses œuvres continuent de faire partie de l’héritage artistique de Berlin, et des travaux tels que la statue du maréchal von Hindenburg et les bustes de figures royales ont acquis une place significative dans le patrimoine architectural et artistique de la ville.

Au cours de sa carrière, Ludwig Manzel a participé à de nombreuses expositions qui ont mis en avant ses œuvres et son influence sur l'art sculptural. Parmi les expositions marquantes, la médaille d'or décernée pour sa fontaine à Stettin lors de l'exposition des beaux-arts de Berlin en 1896 a été un moment clé dans sa carrière. Ses travaux ont souvent été présentés à la grande exposition d'art de Berlin, où des statues monumentales comme celles réalisées pour le Reichstag ont attiré une attention considérable. De plus, ses bustes de Guillaume II ont été exposés dans de nombreux endroits en Allemagne, soulignant son rôle de sculpteur à la cour impériale. Dans les décennies suivant sa mort, certaines de ses œuvres ont été redécouvertes et présentées dans des expositions rétrospectives d'art prussien, contribuant à recontextualiser son importance tout en affrontant les critiques de l'idéologie qui les entourait.