Marcelle Cahn

Marcelle Cahn est née le 1er mars 1895 à Strasbourg, alors dans le territoire de l'Alsace-Lorraine, au sein d'une famille juive alsacienne. Dès son jeune âge, elle montre un intérêt marqué pour les arts, apprenant à dessiner, peindre et à jouer des instruments de musique, soutenue par une mère melomane. Après un passage à la 'Höhere Mädchenschule' de Strasbourg, elle se tourne vers les arts plastiques, influencée par sa rencontre avec Simon Lévy, un jeune peintre qui lui fait découvrir Vincent van Gogh et Paul Cézanne. Entre 1914 et 1918, elle peint à Berlin tout en fréquentant des écoles locales dont la Lewin-Funke-Kunstschule, et elle est influencée par les mouvements expressionnistes en vogue à l'époque. En 1920, elle se rend à Paris, où elle s’immerge dans la scène artistique tout en poursuivant son développement personnel. Elle fait la connaissance de figures importantes telles que Fernand Léger et Amédée Ozenfant, avant de devenir membre du groupe Cercle et Carré sous l'influence de Michel Seuphor. Au cours de sa vie, Cahn vit plusieurs retraits artistiques pour échapper aux tumultes des guerres et des époques, notamment de 1939 à 1945, lorsqu'elle se retire à Blois puis à Toulouse. De retour à Paris en 1947, elle reprend ses activités artistiques avec vigueur et innovation, poursuivant diverses expérimentations jusqu'à sa mort le 20 septembre 1981 à Neuilly-sur-Seine.

L'œuvre de Marcelle Cahn s'inscrit dans les mouvements du Purisme et de l'Abstraction géométrique. Elle cherche à explorer les concepts de l'espace et de la couleur au travers de différentes pratiques artistiques qui évoluent tout au long de sa carrière. Ses premières œuvres reflètent une influence cubiste, mais plus tard, elle se tourne vers des compositions plus géométriques, souvent caractérisées par des lignes coupantes, des collages et des formes abstraites. Ses travaux se démarquent par une recherche de simplicité et d'harmonie, intégrant régulièrement la couleur comme un élément vital. Au fil des années, ses créations évoluent vers des dessins linéaires, tableaux-reliefs et collages de plus en plus complexes, explorant également la dimension tactile et spatiale de la peinture. Dans ses dernières œuvres, elle crée des collages plus petits, témoignant d'une évolution vers une abstraction lyrique qui reflète une connexion personnelle à sa vie intérieure, traduisant ainsi des émotions vives à travers une esthétique rigoureuse.

Malgré son association avec des mouvements d'avant-garde au XXe siècle, l'œuvre de Marcelle Cahn est restée relativement méconnue du grand public et des critiques, souvent reléguée aux marges de l'histoire de l'art moderne. Son héritage réside dans sa quête de liberté formelle et herculienne dans le domaine de l'abstraction, qui a inspiré d'autres artistes contemporains et suivants. Marcelle Cahn a également ouvert la voie à une réévaluation des contributions des femmes dans l'art moderne, et son œuvre continue d'être redécouverte notamment grâce à des expositions rétrospectives comme 'Marcelle Cahn. En quête d’espace' qui circulent dans divers musées. À Strasbourg, un groupe scolaire porte son nom, montrant ainsi l'impact qu'elle a eu sur sa ville natale et contribuant à perpétuer sa mémoire et sa reconnaissance.

Marcelle Cahn a participé à de nombreuses expositions au long de sa carrière, bien qu'elle ait eu des périodes de retrait. D'abord présente au Salon des Indépendants dès 1926, elle expose ensuite avec le groupe Cercle et Carré en 1929, où elle rencontre des artistes de renommée tels que Hans Arp, Piet Mondrian et Vassily Kandinsky. Après la Seconde Guerre mondiale, elle reprend son activité et participe au Salon des Réalités Nouvelles à partir de 1948, mettant ses œuvres en lumière. Ses travaux ont été exposés dans des galeries parisiennes comme celles de Colette Allendy et Suzanne Michel. Plus récemment, la rétrospective 'Marcelle Cahn. En quête d’espace' présentée au Musée d'Art moderne et contemporain de Strasbourg et au Musée d'art moderne et contemporain de Saint-Étienne Métropole illustre un regain d'intérêt pour son travail. Cette exposition a fait le tour de plusieurs villes de France, rendant hommage à son impact, et prouvant la pertinence continue de son œuvre dans le discours artistique contemporain.