Marie-Guillemine Benoist

Marie-Guillemine Benoist, née Marie-Guillemine Laville-Leroux le 18 décembre 1768 à Paris, est l'une des premières femmes artistes peintres à se faire un nom au tournant du XVIIIe et du XIXe siècle. Fille de René Delaville-Leroux, un fonctionnaire influent devenu ministre, elle épouse Pierre-Vincent Benoist en 1792 avec qui elle a trois enfants. Elle reçoit sa formation artistique auprès d'Élisabeth Vigée Le Brun à partir de 1781, puis entre à l'atelier du grand maître Jacques-Louis David, enrichissant ainsi son répertoire et son style. Au cours de sa carrière, elle s'impose dans un contexte marqué par les changements socio-politiques en France. Ses premières œuvres sont influencées par le néoclassicisme, mais elle évolue ensuite vers la peinture de genre et l'introspection psychologique de ses personnages. Elle consulte les cotes des Salons de son temps et se distingue par ses portraits de femmes aux traits réalistes et expressifs, leur conférant une dimension sociale et politique, notamment à travers des thèmes d’émancipation et d’égalité. Benoist cesse d'exposer ses œuvres à la Restauration, craignant que sa carrière nuise à celle de son mari. Elle décède le 8 octobre 1826 à Paris, laissant derrière elle un héritage important, bien que largement sous-estimé jusqu'à récemment.

Les œuvres de Marie-Guillemine Benoist se caractérisent par un style néoclassique empreint d'une sensibilité féminine et d'un engagement social. Elle utilise une palette de couleurs vives et des compositions équilibrées pour capturer des récits intimes. Parmi ses œuvres les plus remarquables se trouve 'Portrait d'une négresse' (1800), qui pose la question de l'esclavage et incarne un manifeste pour l'émancipation des femmes et des esclaves. Benoist exploite un langage visuel chargé de symbolisme, remettant en cause le statut traditionnel des femmes dans l'art en les plaçant en tant que sujets principaux, non plus comme objets de désir, mais comme des personnes ayant une voix et une présence. Sa maîtrise du portrait est évidente dans des œuvres telles que 'Les Adieux de Psyché à sa famille' (1791) et de nombreux portraits de membres de la famille Bonaparte, ainsi que sa façon d'humaniser ses sujets par des expressions émotionnelles. Benoist est également reconnaissable pour ses captures de la nature féminine, traduisant à la fois force et vulnérabilité.

L'impact de Marie-Guillemine Benoist sur le monde de l'art est significatif, bien que souvent occulté par l'histoire. En tant que femme artiste, elle a défié les conventions de son époque, optant pour des sujets plus audacieux qui traitaient des questions d'émancipation sociale et de genre. Son tableau 'Portrait d'une négresse' est considéré comme l'une des premières représentations d'une femme noire dans l'histoire de l'art occidental, et il interroge les notions de race et de genre dans ses multiples dimensions. Benoist a été un modèle pour les générations futures d'artistes femmes, démontrant que les femmes pouvaient non seulement exceller dans l'art, mais aussi jouer un rôle vital dans le discours social de leur époque. À partir du XXe siècle, son œuvre a gagné en reconnaissance, et elle est maintenant souvent citée comme une pionnière du féminisme artistique. Des expositions récentes et des publications sur son travail mettent en lumière son importance dans l'histoire de l'art, contribuant à sa réhabilitation dans le canon artistique.

Marie-Guillemine Benoist a participé à plusieurs expositions au cours de sa carrière. Ses œuvres ont été présentées au Salon de Paris où elle a fait ses débuts en tant qu'artiste en 1791 avec 'Psyché faisant ses adieux à sa famille', reconnu pour son impact visuel et émotionnel. Un autre moment fort de sa carrière a été sa médaille d'or au Salon de 1804. Ses œuvres, dont 'Portrait d'une négresse', continuent d'être exposées dans de grandes institutions comme le musée du Louvre, le Metropolitan Museum of Art, et ont fait l'objet de rétrospectives en France et à l'international. De nouvelles recherches académiques et des projets d'exposition permanents contribuent à la redécouverte de son travail, attestant de l'importance croissante de Marie-Guillemine Benoist dans le discours sur les artistes femmes dans l'histoire de l'art.