Mario Comensoli

Mario Comensoli est un artiste-peintre suisse né le 15 avril 1922 à Lugano. Après un séjour d’études à Paris, où il a eu l'opportunité de rencontrer des artistes influents tels qu'Alberto Giacometti, Édouard Pignon et Joan Miró, Comensoli s’établit à Zurich. C’est là qu'il débute une série de travaux qui se concentrent sur la condition prolétarienne, mettant en lumière la figure du travailleur étranger, période que l’on désigne plus tard sous le terme de 'période bleue', en raison de la couleur des salopettes de ses sujets. Ce travail, à forte connotation sociale, lui permet de se faire connaître au niveau international et de gagner un prix à Zurich en 1970, décerné par des immigrés italiens qui le considèrent comme un défenseur de la lutte contre le racisme. Il est également reconnu par l'écrivain Carlo Levi qui le qualifie de grand protagoniste du réalisme moderne. Les années 1980 marquent un tournant dans son œuvre, avec une série intitulée 'jeunesse en effervescence' qui représente des figures de jeunes contestataires comme des punks et des squatters. L'analyse des acteurs et des victimes de la civilisation contemporaine demeure une constante dans son parcours artistique, et son style se caractérise par un langage parfois grotesque, mais toujours empreint d’une profonde sensibilité émotionnelle. Mario Comensoli s'éteint le 2 juin 1993 à Zurich, laissant derrière lui une œuvre riche de sens et d'engagement.

Le travail de Mario Comensoli est profondément ancré dans le figuratif, caractérisé par une représentation poignante et souvent troublante des classes marginalisées. Sa 'période bleue' est définie par l'utilisation de couleurs sombres et de tons froids, évoquant la lutte et la souffrance des travailleurs étrangers. Ce choix esthétique sert à accentuer les thèmes sociaux de ses œuvres, ce qui lui confère un fort accent émotionnel. Dans les années 1980, sa série 'jeunesse en effervescence' se distingue par des représentations vibrantes et dynamiques, illustrant un monde de désobéissance et de contestation, où les figures de jeunes adultes prennent une place prédominante. L'art de Comensoli ne se limite pas à l'esthétique ; il cherche à provoquer une réflexion sur les réalités sociales, abordant des questions comme le racisme et la crise d'identité. La métaphore visuelle joue un rôle essentiel dans son travail, oscillant entre le grotesque et le tragique, permettant d’insérer un jeu de regards et d’émotions qui interpelle le spectateur.

L'impact de Mario Comensoli sur le paysage artistique suisse et international est indéniable. Son œuvre a suscité un dialogue autour des injustices sociales et des réalités de la vie des immigrés, contribuant ainsi à une forme de réalisme social au sein de l'art moderne. En s'attaquant à des thèmes universels comme le racisme et l'exclusion, Comensoli a ouvert la voie pour de nouveaux artistes qui explorent des questions sociales et politiques à travers leur travail. Son engagement et sa sensibilité à l'égard des sujets marginaux résonnent toujours dans le discours artistique contemporain. De nombreuses expositions posthumes, telles que celles tenues au Museo d'Arte Moderna à Lugano en 1998 ou au Ludwig Forum en 2018, témoignent de la pertinence continue de son œuvre et de son influence sur les nouvelles générations d'artistes. En cette période de remise en question des normes sociales et des luttes pour les droits de l'homme, son héritage continue d'inspirer ceux qui cherchent à exprimer des vérités à travers l'art.

Mario Comensoli a présenté son travail dans plusieurs expositions individuelles prestigieuses tout au long de sa carrière. Parmi les plus notables, on peut citer son exposition au Musée Helmhaus à Zurich en 1953, suivi par le Musée Strauhof en 1961. D'autres expositions mémorables ont eu lieu à l'international, telles que la Galleria San Luca à Rome en 1962, et la Galerie Die Brücke à Düsseldorf en 1964. Les années 1970 et 1980 ont vu une prolifération de ses expositions, notamment au Kunsthaus de Coire en 1972 et au Museo Civico à Lugano en 1974. Après sa mort, son œuvre continue d'être célébrée avec des expositions au New York Gallery-Baden en 1997 et au Museo d'Arte Moderna à Lugano en 1998. Les plus récentes expositions, telles que 'Gli uomini in blu' au Max Museo à Chiasso en 2022 et 'La peinture du Mouvement' au Centro Comensoli de Zurich également en 2022, reflètent la volonté des institutions de maintenir vivante l’héritage de cet artiste dont le travail aborde des questions essentielles à travers les époques.