Martin Kippenberger

Martin Kippenberger est né le 25 février 1953 à Dortmund, en Allemagne, dans une famille modeste où son père était directeur d'une houillère et sa mère dermatologue. Il a grandi à Essen et a abandonné l'école à l'âge de 15 ans pour commencer un apprentissage de décorateur, qu'il n'a pas pu terminer à cause de ses problèmes liés à la consommation de drogues. De 1972 à 1976, il a étudié à la Hochschule für bildende Künste à Hambourg, où il a été influencé par des artistes tels que Claus Böhmler et Franz Erhard Walther. Sa carrière artistique a véritablement débuté à Florence dans les années 1970 avec la série "Uno di voi, un tedesco a Florence". S'établissant à Berlin en 1978, Kippenberger a cofondé le "bureau Kippenberger", un espace d'exposition pour les artistes émergents tout en gérant le célèbre club punk SO36. Tout au long des années 1980, il a voyagé et a continué à produire une œuvre prolifique qui mélangeait divers médias, allant de la peinture à la sculpture, en passant par la photographie. Kippenberger était également connu pour ses performances provocatrices et ses installations critiques, qui ont souvent abordé des thèmes politiques et sociaux.
Il a connu une ascension fulgurante dans le monde de l'art, avec sa première rétrospective au MAMCO de Genève en 1997, peu avant sa mort, survenue le 7 mars de la même année à Vienne, à l'âge de 44 ans. Son œuvre a continué à susciter l'intérêt et des controverses longtemps après sa disparition.

Martin Kippenberger refuse d'adopter un style artistique précis, ce qui le rend difficile à catégoriser. Son travail est prolifique et varié, incorporant des sculptures, des peintures, des œuvres sur papier, des installations et des performances. Kippenberger a souvent utilisé l'ironie et le provocant pour remettre en question les normes établies et explorer des thèmes comme la mémoire, l'identité et le cynisme dans la société contemporaine. Parmi ses œuvres les plus célèbres figurent "Martin Bormann Gas Station", une installation où il renomme une station-service à Salvador de Bahia en hommage au dignitaire nazi, visant à questionner l'héritage du nazisme et la mémoire collective. Ses peintures, comme "Ich kann beim besten Willen kein Hakenkreuz entdecken" (Je ne peux pas découvrir de croix gammée avec la meilleure volonté), explorent la culpabilité et le souvenir. L'œuvre "Martin, ab in die Ecke und schäm Dich" représente une auto-critique, montrant l'artiste puni dans un coin. Cette diversité dans les médias et les thèmes fait écho à la tension entre le sérieux et le ludique dans son travail, soulignant son approche provocante et sans compromis.

L'impact de Martin Kippenberger sur l'art contemporain est considérable et son héritage perdure à travers les nombreux artistes qui citent son œuvre comme une source d'inspiration. Il a contribué à réinventer le rôle de l'artiste en tant que figure provocatrice et critique de la société. Son approche multidisciplinaire et sa capacité à utiliser l'ironie a ouvert la voie à de nouvelles formes d'art et de discours. Prônant la liberté d'expression, Kippenberger a également suscité des polémiques entourant certaines de ses œuvres, ce qui a contribué à établir le dialogue autour des questions de liberté artistique. L'organisation de plusieurs rétrospectives après sa mort, notamment par des institutions prestigieuses comme la Tate Modern, témoigne de la reconnaissance continue de son travail. Son influence se ressent également dans le milieu des étudiants et des jeunes artistes qui continuent d’explorer des thèmes similaires de provocation et d’autocritique.

Les expositions de Martin Kippenberger sont marquées par une reconnaissance croissante de son travail après sa mort. La première rétrospective majeure a eu lieu au MAMCO de Genève entre janvier et mai 1997, juste avant sa mort. En 2006, la Tate Modern à Londres a organisé une exposition célébrant son œuvre, qui a présenté des pièces emblématiques comme ses autoportraits. D'autres expositions importantes incluent "Selbstbildnisse, The Happy End Of Franz Kafka's Amerika" à Hambourg en 1999 et diverses collaborations avec d'autres artistes, comme l'exposition de Kippenberger et Dieter Roth à Londres en 2006. Au-delà de ces rétrospectives, ses œuvres sont conservées dans de nombreuses collections publiques à travers le monde, notamment au Musée d'Art Moderne de New York, au Centre Pompidou à Paris, au Musée Ludwig à Cologne, et dans des musées contemporains en Espagne, en Belgique et en Autriche. Ces expositions et collections témoignent non seulement de l'importance de Kippenberger dans le panorama artistique mondial, mais également de l'impact durable de ses idées et de ses œuvres.