Maurice Tabard

Maurice Tabard est né le 12 juillet 1897 dans le 3e arrondissement de Lyon, France, dans une famille de soyeux. Son père était un photographe amateur et sa mère, musicienne. Bien que Tabard ait d'abord aspiré à devenir violoniste, il échoue à son examen au Conservatoire et se tourne vers le dessin sur soie dans une fabrique locale. En 1914, il accompagne son père lors d'un voyage d'affaires aux États-Unis, où il s'inscrit au New York Institute of Photography. À New York, il commence à travailler comme photographe indépendant et, après le décès de son père en 1922, il devient portraitiste pour une clientèle aisée, incluant le président Calvin Coolidge. En 1928, il rentre en France et se fait connaître comme photographe de mode pour des revues comme 'Le Jardin des Modes' et 'Vu'. Peu après, il est introduit dans le milieu des avant-gardes artistiques de Montparnasse, comptant parmi ses amis des artistes tels que Brassaï et Man Ray. Son travail photographique se distingue par l'utilisation de la solarisation et une approche artistique qui cherche l'essence de l'image plutôt que la simple représentation de la réalité. Après une carrière prolifique, il prend sa retraite en 1966, se retirant peu à peu de la scène artistique avant de mourir le 22 février 1984 à Nice.

L'œuvre de Maurice Tabard se caractérise par une recherche constante de la composition et l'exploration des espaces d'image. Dès son retour à Paris en 1928, il s'éloigne du style classique pour se concentrer sur un langage photographique propre qui s'éloigne du reportage et du naturalisme. Influencé par le Bauhaus et les surréalistes avec qui il entretient des liens, Tabard utilise la solarisation pour introduire une dimension nouvelle à ses images. Il cherche à capturer non pas le monde extérieur, mais l'irrévélé de l'image, préconisant ainsi l'idée que le photographe crée une image plutôt que de représenter la réalité. Tabard prône la 'photographie d'art', où même dans des travaux commerciaux, il applique ses principes de composition minutieuse. Son approche met en avant les relations formelles entre les objets, leur lumière et leurs textures. Cette focalisation sur la création d'une œuvre artistique bien construite devient sa marque de fabrique, le rendant unique dans le paysage photographique de son époque.

Malgré son influence durant sa carrière, Maurice Tabard tombe dans l'oubli dans les années 1960, son style épuré et construit ne correspondant plus aux aspirations des nouvelles générations de photographes. Ce n'est qu'à partir de 1975 que son œuvre est redécouverte et reconnue, rendant hommage à son apport fondamental à la photographie artistique. Son enseignement aux États-Unis, où il prodigue des conférences sur la photographie et la composition, a marqué de nombreux photographes qui l'ont suivi. Son travail a également été l'objet de plusieurs publications, dont un numéro spécial de la 'Photographer's Society of America' en 1948, et une exposition en son honneur. En 1983, il reçoit le Grand Prix de la Ville de Paris pour ses contributions à la photographie. Son œuvre continue d'inspirer les chercheurs et les artistes qui s'intéressent à la photographie comme un moyen d'art à part entière, renforçant sa réputation de précurseur dans ce domaine.

Tout au long de sa carrière, Maurice Tabard a participé à de nombreuses expositions qui ont mis en valeur son œuvre. Sa première exposition personnelle a eu lieu à Paris en 1933, suivie d'une exposition au Musée d'Art moderne de New York en 1938, dans le cadre de l'exposition 'Photography 1839-1937'. Dans les années qui suivent, ses travaux sont présentés dans divers salons et festivals de photographie. En 1948, une exposition hommage à Chicago lui est consacrée, et il reçoit une distinction pour son service à la 'Photographer's Society of America'. Un hommage posthume est organisé en 1985 au Salon de la photographie à Paris, soulignant l'importance de son héritage dans le monde de la photographie. Ses travaux sont également conservés dans des collections prestigieuses comme celles du Centre Pompidou et de la Bibliothèque Kandinsky, témoignant de son impact durable sur le domaine.