Nicolae Grigorescu

Nicolae Grigorescu est né le 15 mai 1838 dans le village de Văcărești de Răstoacă, situé dans le județ de Dâmbovița, en Roumanie. Après la mort de son père en 1843, il déménage avec sa mère et ses frères à Bucarest. Bien qu'il ait commencé sa carrière en peignant des icônes pour subvenir aux besoins de sa famille, son talent est rapidement reconnu, notamment par la princesse Cleopatra Ghika-Trubetzkoi, qui lui commande une peinture pour son église au Monastère de Baïcoï. Après cette commande, il se voit offrir d'autres opportunités, réalisant des peintures murales pour plusieurs églises et monastères, notamment le Monastère de Căldărusani et celui d'Agapia. Il s'initie à la peinture lors de son apprentissage dans l'atelier d'Anton Chladek, tout en poursuivant sa formation à l'Académie des Beaux-Arts de Paris grâce à une bourse offerte par Mihail Kogălniceanu. À Paris, il fait la rencontre de figures emblématiques comme Auguste Renoir et s'illustre au sein de l'École de Barbizon, se familiarisant avec la peinture de plein air. Entre 1873 et 1874, il voyage en Italie, en Grèce, et en Turquie, guidé par son désir de capturer la ruralité roumaine et d'élargir son répertoire. Pendant la guerre d'indépendance roumaine de 1877, il agit en tant que "peintre de guerre". Après de nombreuses années à Paris, Grigorescu revient en Roumanie, se consacrant à la peinture de portrait. Son œuvre est marquée par un profond réalisme, une palette lumineuse, et une célébration de la vie rurale. Il décède le 21 juillet 1907 à Câmpina, laissant un héritage immense en tant qu'initiateur de la peinture moderne en Roumanie.

L'œuvre de Nicolae Grigorescu est profondément ancrée dans la tradition rurale roumaine et se caractérise par une représentation poignante de la vie paysanne. Il met en lumière les métiers, les coutumes et les figures du monde rural, des paysans aux bergers, capturant également leurs émotions avec une touché sensible. Grigorescu excelle dans la création de portraits expressifs, souvent baignés de lumière, sur fond sombre, révélant la psychologie de ses sujets. Son style évolue avec le temps, embrassant le néo-classicisme, le réalisme, l'impressionnisme et le romantisme. Les coups de pinceau visibles, l'utilisation d'une palette éclatante, et son approche de la peinture de plein air notamment influencés par l'École de Barbizon, lui permettent de réaliser des paysages bucoliques empreints de vie. Bien que son point de focus principal soit le village roumain, il n'hésite pas à explorer d'autres sujets, dont des thèmes religieux, et il a également peint des toiles témoignant des événements marquants de son époque, comme la guerre d'indépendance. Il parvient à capturer une essence universelle, tout en restant profondément attaché aux racines et à la culture roumaine.

Nicolae Grigorescu est considéré comme le père de la peinture moderne roumaine et a eu un impact profond sur l'art en Roumanie. Son travail a inspiré de nombreux artistes, dont Ion Andreescu et Ștefan Luchian, en posant les bases d'une tradition artistique qui célèbre la vie rurale et la nature. Sa capacité à amalgamer les influences impressionnistes tout en conservant sa propre identité visuelle distinctive a ouvert la voie à une nouvelle génération de peintres. Membre de l'Académie roumaine et ayant exposé à l'Athénée roumain, il a contribué à faire reconnaître la peinture roumaine à l'échelle internationale. Ses œuvres, particulièrement celles mettant en avant des paysages bucoliques et des portraits de paysans, sont devenues emblématiques de l'identité roumaine, capturant l'esprit d'une époque et d'une culture en pleine mutation. Des musées comme le Musée national d'Art de Roumanie à Bucarest et le musée de Câmpina, qui lui est dédié, perpétuent sa mémoire et sa contribution inestimable au patrimoine culturel roumain.

Au cours de sa carrière, Nicolae Grigorescu a participé à de nombreuses expositions qui ont mis en valeur ses œuvres et son talent. Notamment à la fin du XIXe siècle, il expose plusieurs fois à l'Athénée roumain, attirant l'attention sur ses contributions artistiques. En 1899, il est nommé membre honoraire de l'Académie roumaine, reconnaissant ses réalisations professionnelles, et il fréquente assidûment les salons de Paris où il se fait également connaître. Lors de ses voyages en France, et particulièrement lors de ses séjours en Bretagne et à Barbizon, il a non seulement créé des œuvres significatives mais a aussi intégré ses expériences à des expositions locales. L'art de Grigorescu a été également présenté dans des manifestations internationales, renforçant son statut d'artiste influent. Les expositions organisées après sa mort continuent de célébrer son héritage, notamment en mettant en avant ses liens avec le mouvement impressionniste et la tradition académique, et contribuent à le positionner comme un pilier de l'art roumain au sein du panorama international.