Paul Sérusier

Paul Sérusier est né le 9 novembre 1864 à Paris dans une famille de classe moyenne. Son père travaillait dans l'industrie du parfum et lui offrit une éducation soignée. Après avoir obtenu ses diplômes de philosophie et de mathématiques au lycée Condorcet en 1883, il entra à l'Académie Julian en 1885. C'est là qu'il se lia d'amitié avec Maurice Denis et d'autres artistes. En 1888, il passe un été à Pont-Aven en Bretagne où il rencontre Paul Gauguin, qui l'encourage à explorer une nouvelle approche de la peinture, se libérant des traditions classiques. Avec Gauguin, il développe sa propre esthétique, mettant l'accent sur l'utilisation de couleurs pures et vives. Son œuvre phare, 'Le Talisman', crée une rupture stylistique qui préfigure le mouvement nabi. En 1889, avec des artistes tels que Denis et Bonnard, il forme le groupe des Nabis, un collectif se consacrant à un art décoratif et symbolique, influencé par l'occultisme et le symbolisme. Sérusier s'installe ensuite en Bretagne où il se confronte à des thèmes ruraux, peignant des paysages et des scènes de la vie paysanne. Il épouse Marguerite Gabriel-Claude en 1912, avec qui il partage une vie d’artiste active. Sa carrière est marquée par des périodes de recherche et d'expérimentation jusqu'à sa mort le 7 octobre 1927 à Morlaix, laissant un héritage artistique significatif.

L'œuvre de Paul Sérusier se caractérise par un usage audacieux de la couleur et une simplification formelle. Influencé par le postimpressionnisme, il développe un langage pictural distinct qui allie éléments figuratifs et abstraits. 'Le Talisman' illustre sa vision novatrice avec ses couleurs vives, ses contours définis et son caractère synesthésique. Sérusier privilégie un traitement décoratif des surfaces, intégrant des motifs symboliques et spirituels. Ses paysages bretons révèlent une fascination pour la nature et la vie rurale, traduisant ses émotions à travers des palettes chromatiques variées et enjouées. Les thèmes de l’occupation humaine dans le paysage, des figures paysannes et des scènes religieuses sont souvent au centre de ses œuvres. Au fil du temps, il s'éloigne de la couleur pure pour s'orienter vers des compositions plus sombres et sentimentales, illustrant son intérêt croissant pour la structure et l’harmonie.

Paul Sérusier a eu un impact considérable sur l’art moderne, notamment au travers de son rôle dans le mouvement nabi. En s’éloignant des conventions académiques de la peinture, il a encouragé une nouvelle génération d’artistes à expérimenter la couleur et à travailler avec des symboles et des thèmes personnels. Son approche visuelle a ouvert la voie à des styles et mouvements ultérieurs, tels que le fauvisme et l’expressionnisme. Sérusier a également été un enseignant influent, partageant ses idées novatrices à l’Académie Ranson, où plusieurs de ses élèves deviendront des artistes notables. Malgré un certain oubli dans le paysage artistique après sa mort, l'intérêt pour son œuvre a ressurgi avec des rétrospectives et expositions, marquant sa place dans l'histoire de l'art. Les thèmes qu'il a explorés, comme la connexion entre l'homme et la nature, continuent de résonner dans l'art contemporain et des initiatives de préservation, telles que des circuits dédiés à sa vie et son œuvre en Bretagne, ont été mis en place, renforçant sa reconnaissance.

Paul Sérusier a été présenté dans de nombreuses expositions au cours de sa carrière, dont les plus notable incluent ses participations aux Salons de Paris, où il a exposé des œuvres emblématiques des Nabis. En 1891, il participa à la première exposition du groupe Nabi, qui a eu lieu à la galerie de l'Union centrale des beaux-arts appliqués à l'industrie, marquant le début de leur reconnaissance. Plus tard, des expositions en solo lui ont permis d’afficher ses créations et ses évolutions stylistiques. En 1927, une exposition a lieu à la galerie Le Barc de Boutteville, juste avant sa mort. Dans les années 1980 et 1990, plusieurs rétrospectives ont été consacrées à son œuvre, notamment au Musée d'Orsay et à la Fondation Maeght, mettant en lumière son rôle au sein des Nabis et son influence durable sur le milieu artistique français et international. Récemment, des exposés ont été organisés à Châteauneuf-du-Faou, sa ville d'adoption, témoignant d’une volonté de conserver la mémoire de cet artiste novateur.