Pinchus Krémègne

Pinchus Krémègne, né le 28 juillet 1890 à Zaloudock, près de Lida (alors dans l'Empire russe, maintenant en Biélorussie), et décédé le 5 avril 1981 à Céret, dans les Pyrénées-Orientales, est un peintre et lithographe français d'origine lituanienne, associé à la première École de Paris. Fils de Mevka Jankel et de Mirke Krémègne, Pinchus est le benjamin d'une famille juive de neuf enfants. Sa famille, bien que modeste, était relativement aisée grâce à l'activité de son père, un artisan créant des objets artistiques inspirés du folklore slave. En 1909, il entre à l'Académie des arts de Vilnius où il se forme à la sculpture, établissant une amitié avec Chaïm Soutine et Michel Kikoine. En 1912, désireux de se libérer des contraintes d'un système oppressif, il émigre à Paris en fraudant le périmètre douanier russe et devient rapidement un membre actif de la communauté artistique de Montparnasse, s'installant à la Ruche. Bien que d'abord sculpteur, Krémègne découvre la peinture comme sa vocation principale au cours des années suivantes. Il est exposé aux influences du rayonnisme, du cubisme et du fauvisme, et il participe à des expositions dès 1914. En 1918, il se rend à Céret, attiré par la promesse d'un nouvel horizon artistique, où il explore les nus rouges et réalise une série emblématique d'œuvres. Après de nombreuses transformations personnelles et une vie professionnelle en dent de scie, marquée par des succès et des échecs, Krémègne s'installe définitivement à Céret en 1960. Il meurt en 1981 et est enterré au cimetière du Montparnasse à Paris.

L'œuvre de Pinchus Krémègne se définit par une forte empreinte expressionniste, un style qui fusionne le lyrisme et la sensibilité typiquement slave avec des éléments fauves. Krémègne est connu pour ses compositions vibrantes qui révèlent une approche instinctive et une maîtrise des couleurs riches, souvent denses et texturées. Ses créations évoquent des émotions intenses à travers des paysages et des natures mortes qui, bien que figuratives, transportent une certaine abstraction qui rappelle les influences de Cézanne, de Chardin et de Courbet. La lumière, la couleur et le mouvement sont des traits caractéristiques de son travail, où le plaisir de la peinture se traduit par une interprétation personnelle des scènes réalistes. Les thèmes récurrents de ses œuvres incluent la nature, les paysages de Céret, la vie quotidienne et des portraits, marqués par une touche humaniste, couronnant ses productions de profondeur et d'humanité. Ses séries de nus, notamment celles des années 1918-1920, témoignent d'une exploration audacieuse de la sensualité humaine.

Pinchus Krémègne a souvent été comparé à son ami Chaïm Soutine, pourtant son impact sur le mouvement expressionniste et l'École de Paris mérite d'être étudié à part entière. Il a contribué à la diversification et à la reconnaissance de l'art juif en France, s'imposant comme un des représentants marquants de cette école. Malgré la réticence des galeries d'art à exposer son travail, il a construit une réputation d'artiste émérite grâce à un réseau d'amitié et de collaboration avec des figures de proue comme Amedeo Modigliani, André Derain, et d'autres membres éminents de la communauté artistique de Montparnasse. Le caractère introspectif de son art a été salué et sera de plus en plus reconnu dans les décennies qui ont suivi sa mort. Aujourd'hui, ses œuvres sont présentes dans plusieurs musées prestigieux à travers le monde, notamment le Musée d'art moderne de Céret et le Musée des beaux-arts de Berne, témoignant de son statut et de son héritage durable dans l'histoire de l'art moderne.

Les expositions de Krémègne comprennent de nombreuses contributions notables à l'égard de l'art moderne. Dès 1914, il expose au Salon des indépendants, marquant le début de sa visibilité dans le monde de l'art. Les années 1920 le voient exposé à la Galerie Van Leer, et durant les années 1940 à 1950, il inonde les galeries parisiennes avec ses œuvres, notamment à la galerie Creuze et à la galerie Art Vivant. Le point culminant de sa carrière est sans doute sa rétrospective de 1959 à Paris à la Galerie Durand Ruel, qui marque la reconnaissance de son art. Après sa mort, plusieurs expositions lui ont été consacrées, dont une importante rétrospective au musée d'art moderne de Céret en 1990 à l'occasion du centenaire de sa naissance, qui a permis au public de redécouvrir ses riches contributions à l'École de Paris et au mouvement expressionniste.