Sharaku

Tōshūsai Sharaku (東洲斎写楽) est un artiste japonais renommé, actif de 1794 à 1795, connu principalement pour ses estampes ukiyo-e représentant les acteurs de kabuki. Peu d'informations existent sur sa vie, son véritable nom étant inconnu. Des théories circulent sur ses origines, notamment qu'il aurait été un acteur de nô de la province d'Awa, aujourd'hui préfecture de Tokushima, mais rien n'est confirmé. Sharaku a brusquement émergé sur la scène artistique en 1794 avec un style novateur et audacieux. Sa carrière fut brève, d'à peine dix mois, mais d'une intensité exceptionnelle, aboutissant à une production d'estampes qui allient une grande vérité des traits physiques et une attention aux détails minutieux. Cette approche réaliste a suscité des débats dans la communauté artistique d'Edo.

L'œuvre de Sharaku est reconnaissable par son style distinctif qui se caractérise par des portraits saisissants et d'une expressivité rare des acteurs de kabuki. Ses estampes, souvent en couleurs vives, se distinguent par des représentations des onnagata, des acteurs masculins jouant des rôles féminins. Sharaku immortalise ces figures avec une grande ambivalence, souvent en accentuant les traits du visage, ce qui confère un aspect presque caricatural à certains portraits. Ses compositions illustrent des moments captivants des performances de kabuki, insistant sur les émotions et les postures, ce qui permet de ressentir la vitalité de la scène théâtrale de l'époque. Les estampes sont généralement réalisées selon la technique nishiki-e, utilisant des méthodes d'impression sur bois. Sa popularité originale, bien que limitée, a été suivie par une renaissance de son travail à la fin du XIXe siècle, lorsque les collectionneurs japonais et internationaux ont commencé à reconnaître la valeur innovante de ses formats et de ses sujets.

L'impact de Sharaku sur l'art japonais et au-delà est indéniable. Bien que sa carrière ait été brève, son influence s'est étendue sur plusieurs générations d'artistes. De nombreux critiques d'art et historiens considèrent Sharaku comme un précurseur de l'art moderne au Japon, anticipant les mouvements tournés vers le réalisme et l'individualité qui émergeront plus tard. Leurs styles et techniques se sont nourris des inspirations qu'il a fédérées, notamment en termes d'expression des émotions et de représentation des personnalités. Son travail a également eu une influence directe sur des artistes occidentaux, comme Henri de Toulouse-Lautrec, qui ont vu dans son approche un reflet de modernes mouvements artistiques à la fin du XIXe siècle. Aujourd'hui, Sharaku est souvent étudié dans des contextes académiques au Japon et à l'étranger, non seulement pour ses contributions à l'estampe japonaise, mais également pour les récits culturels qu'il a traduits dans ses œuvres, ce qui le démarque en tant que figure emblématique de l'histoire de l'art.

Les estampes de Sharaku ont été présentées lors de nombreuses expositions prestigieuses à travers le monde, exaltant son métier unique. Plusieurs musées, tels que le Metropolitan Museum of Art à New York et le musée Guimet à Paris, possèdent d'importantes collections des œuvres de Sharaku. Les expositions consacrées à l'ukiyo-e ou à l'art japonais en général, comme celles organisées dans le cadre de la biennale de Venise ou des expositions dans des musées d'art moderne, ont souvent mis en lumière sa contribution. De plus, à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, des expositions ont été organisées qui ont redonné vie à l'intérêt pour ses œuvres, permettant une redécouverte de son héritage artistique. Des publications académiques récentes et des ouvrages d'artistes contemporains lui ont également été consacrés, permettant d'élargir sa matrice d'influence sur de nouveaux publics et des générations d'artistes.