Toyen

Marie Čermínová, dite Toyen, est née le 21 septembre 1902 à Prague, en Autriche-Hongrie. Elle grandit dans une ville qui sera un foyer intellectuel et artistique majeur du début du XXe siècle. Après avoir suivi des études à l'École des arts appliqués de Prague, elle entre en contact avec divers mouvements avant-gardistes et s'illustre comme membre du groupe anarchiste Devětsil qu'elle cofonde en 1920 avec Karel Teige. À travers ses interactions avec des artistes et écrivains d'avant-garde, elle développe un intérêt marqué pour le cubisme et le surréalisme. En 1925, elle déménage à Paris avec le peintre Jindřich Štyrský et commence à travailler sur un nouveau style qu'ils nomment « artificialisme ». Toyen cherche à émuler l'expérience poétique dans ses œuvres, fusionnant la peinture et la littérature. En 1934, elle participe à la fondation du groupe surréaliste de Prague, accueillant des figures majeures comme André Breton. Sa carrière est marquée par des périodes de création, d'exil et de résilience face à des régimes oppressifs. Après la Seconde Guerre mondiale, elle revient à Prague, avant de s'installer définitivement à Paris en 1947. Toyen continue à explorer des thèmes de liberté, d'identité et de sexualité à travers ses œuvres, et ce jusqu'à sa mort le 9 novembre 1980 à Paris, où elle est inhumée au cimetière des Batignolles. Son nom, Toyen, inspiré du mot français

L'œuvre de Toyen est profondément surréaliste, néanmoins empreinte d'une sensibilité unique qui transcende les conventions de son temps. Lorsque Toyen commence sa carrière, elle s'inspire de courants tels que le cubisme, puis évolue vers un style plus personnel. Son travail est défini par des couleurs sombres, des formes fluides et des compositions oniriques qui défient la logique visuelle. Ses tableaux sont souvent peuplés de symboles et d'images ambivalentes, évoquant des thèmes de l'inconscient, du désir et du féminin. Toyen explore une sorte de psyché collective avec une touche d'érudition, sans jamais livrer de réponse définitive, mais plutôt en suggérant une quête. Des pièces comme 'Flore du sommeil' et 'La Dormeuse' incarnent son approche poétique, où la dizaine de personnages pris dans la toile deviennent à la fois des symboles de l'amour et des métaphores de la solitude. Parallèlement, ses illustrations pour des publications érotiques reflètent une audace militante et une quête de liberté d'expression. À travers un jeu de lumière et de contraste, Toyen parvient à capter l'essence des émotions humaines et des paradoxes de l'existence. Dans ses oeuvres, la nature et l'abstraction deviennent des métaphores de l'âme humaine, soulignant la complexité des rapports entre le corps, la pensée et le paysage psychique.

Toyen a laissé une empreinte indélébile dans le monde de l'art, particulièrement au sein des mouvements surréalistes et avant-gardistes. En tant que femme artiste dans un milieu principal dominé par les hommes, elle a défié les normes établies, optant pour l'autonomie artistique à une époque où peu de femmes étaient reconnues. Son œuvre a ouvert la voie à un dialogue sur des identités non conventionnelles, des sexualités fluides et le rôle de la femme dans l'art. Son engagement avec des poètes et des écrivains d'avant-garde, notamment André Breton et Vítězslav Nezval, lui a permis d’explorer une esthétique où poésie et arts visuels s'entrelacent, produisant une exploration inédite de l'imaginaire. Les critiques contemporains et d'aujourd'hui considèrent Toyen comme l'une des figures clés du surréalisme, souvent sous-estimée dans les discussions plus vastes sur le mouvement. Son travail a influencé des artistes ultérieurs, poussant des générations de créateurs à redéfinir leurs perceptions de la forme, de la couleur et de la narration dans l'art. Des expositions récentes et des rétrospectives ont contribué à redécouvrir l'œuvre de Toyen, lui rendant hommage en tant que pionnière du surréalisme et l'un des grands noms de l'art du XXe siècle.

Toyen a été exposée dans divers lieux et événements au cours de sa carrière. Parmi les moments marquants, sa participation à l'Exposition internationale du surréalisme à Tenerife en 1935 a été un tournant essentiel qui a élargi sa notoriété internationale. En 1945, après la guerre, elle expose à Prague, marquant son retour sur la scène artistique après des années de clandestinité. Dans les années 1950, une exposition à la galerie À l'Étoile scellée à Paris, préfacée par André Breton, témoigne de son intégration dans le milieu artistique français. Parmi ses expositions récentes, l'une des plus significatives a eu lieu en 1982 au Centre Georges Pompidou lors de l'exposition