Zao Wou-Ki

Zao Wou-Ki, né le 1er février 1920 à Pékin, en République de Chine, et mort le 9 avril 2013 à Nyon, en Suisse, est un peintre et graveur chinois naturalisé français en 1964. Son vrai nom est Zao Wou-Ki (趙無極 en chinois), ce qui peut être traduit littéralement par 'Zhao sans limite'. Il fait partie de la Nouvelle École de Paris, un groupe d'artistes internationaux ayant élu domicile à Paris après la Seconde Guerre mondiale. Zao est issu d'une famille lettrée avec une tradition artistique, ce qui a influencé son parcours dès son jeune âge. Il entre à l'École des beaux-arts de Hangzhou à l'âge de quatorze ans et y développe ses compétences en peinture avant de quitter la Chine pour s'installer à Paris en 1948. À Paris, il se lie d'amitié avec des artistes majeurs tels que Joan Miró et Pierre Soulages, et commence à explorer des styles variés, allant de la peinture réaliste à l'abstraction lyrique, intégrant des éléments de la culture chinoise dans son travail. La reconnaissance internationale de son œuvre ne se manifeste pleinement qu'à partir des années 1980, bien qu'il soit activement exposé durant toute sa carrière. Zao Wou-Ki est également connu pour ses encres de Chine, ses lithographies et ses contributions à des livres illustrés. Vers la fin de sa vie, il se bat contre la maladie d'Alzheimer, mais continue de produire des œuvres significatives, laissant un héritage indélébile dans le monde de l'art moderne.

L'œuvre de Zao Wou-Ki est marquée par un style distinct qui évolue au fil des décennies. Initialement influencé par des artistes occidentaux tels que Henri Matisse et Pablo Picasso, il se tourne vers l'abstraction à partir des années 1950, inspiré par la couleur éclatante et l'improvisation. Son travail se caractérise par l'utilisation de couleurs vives, de formes expressives et de techniques gestuelles. Zao considère la peinture comme une forme de méditation, utilisant des gestes dynamiques dans ses œuvres. À partir des années 1970, après des périodes de quête introspective consacrée à sa femme souffrante, il revient vers l'encre de Chine, intégrant des motifs calligraphiques qui évoquent les traditions artistiques asiatiques. Ses grandes toiles, souvent titrées par dates, reflètent des impressions de la nature et des émotions intérieures, créant une atmosphère poétique unique. La manière dont il joue avec la lumière et l'espace donne une dimension presque spirituelle à ses œuvres, qui savent évoquer à la fois le vide et le plein, le mouvement et la tranquillité, ce qui est emblématique de l'abstraction lyrique. Son approche de l'art est également influencée par son héritage culturel chinois, se manifestant à travers l'utilisation de symboles et de motifs empruntés à la peinture traditionnelle, mais réimaginés et intégrés dans un contexte moderne.

Zao Wou-Ki est reconnu comme l'un des pionniers de l'abstraction lyrique, et son travail a eu un impact significatif sur la scène artistique internationale. En tant qu'artiste franco-chinois, il a réussi à établir un pont entre l'Orient et l'Occident, démontrant que les influences esthétiques et culturelles peuvent se fusionner pour créer des œuvres universelles. Son exploration du langage visuel inspiré par la calligraphie chinoise a ouvert de nouvelles voies dans le monde de l'art contemporains. Les artistes contemporains, notamment ceux associés à l'abstraction, continuent de s'inspirer de son travail. Par ailleurs, Zao Wou-Ki a aussi été un mentor pour de nombreux jeunes artistes en France et à l'étranger. Son engagement envers sa culture d'origine lui a permis de toucher un public large, notamment après des expositions majeures à Pékin dans les années 1980, où il a été célébré comme un 'maître' de l'art moderne. Les distinctions qu'il a reçues, comme le Praemium Imperiale et le titre de commandeur de la Légion d'honneur en France, témoignent de son importance et de son influence dans le monde de l'art.

Au cours de sa carrière, Zao Wou-Ki a participé à de nombreuses expositions significatives à travers le monde. Sa première exposition parisienne a eu lieu en 1949 à la galerie Greuze. En 1981, une rétrospective majeure de son œuvre est présentée aux Galeries nationales du Grand Palais à Paris, une reconnaissance de son impact sur le milieu artistique. Il connaît également un succès international avec des expositions à Tokyo, New York, Barcelone et Genève. Son œuvre a été largement exposée dans des musées prestigieux, notamment le Centre Pompidou à Paris, le Guggenheim à New York, et le Musée national du Palais à Taipei. En 2001, une exposition de ses œuvres est présentée au Musée national des beaux-arts du Québec, suivie par d'autres expositions notables dans des institutions comme le Musée d'art moderne de la Ville de Paris et le Musée Fabre à Montpellier. La période post-mortem a également vu une intéressante revalorisation de son travail, avec des expositions axées sur ses influences et ses réalisations artistiques, notamment la récente exposition 'Il ne fait jamais nuit' à l'Hôtel de Caumont à Aix-en-Provence, qui a fasciné le public et renforcé sa légitimité artistique dans le contexte mondial.