Alina Szapocznikow

Alina Szapocznikow est née le 16 mai 1926 à Kalisz, en Pologne, dans une famille juive. Elle grandit à Pabianice, où elle vit une enfance marquée par la tragédie après la mort de son père en 1938. Pendant la Seconde Guerre mondiale, elle et sa famille sont déportées dans le ghetto de Pabianice, puis dans celui de Łódź, avant d'être envoyées à Auschwitz puis à Bergen-Belsen. À la libération, Szapocznikow se rend à Prague, où elle découvre l'art d'Otto Gutfreund. En 1947, elle s'installe à Paris, où elle étudie à l'École des Beaux-Arts tout en fréquentant des artistes de renom comme César et Giacometti. Son parcours artistique est influencé par la radicalité des événements qu'elle a vécus, marquant son œuvre d'une exploration de la mémoire, du corps et de la mort. En 1952, elle retourne en Pologne où elle se marie avec Ryszard Stanislawski et adopte un fils. Avec la mort de Staline, Szapocznikow connaît une période d'essor artistique. En 1963, elle retourne définitivement à Paris, où elle devient une figure essentielle de l'art contemporain. Son style évolue vers l'utilisation de nouveaux matériaux comme le polyester et le polyuréthane. Elle est mortellement atteinte d'un cancer du sein et décède le 2 mars 1973 à Passy, en France. La vie de Szapocznikow est le reflet de la douleur et de la résilience, et ses œuvres continuent d'être célébrées pour leur profondeur émotionnelle et leur innovation.

L'œuvre d'Alina Szapocznikow est marquée par une sensibilité unique à la condition humaine, souvent exprimée à travers une approche corporelle et organique. Elle s'éloigne des formes traditionnelles pour investir des matériaux novateurs comme le polyester et la mousse de polyuréthane, les intégrant dans une exploration visuelle et tactile du corps. Szapocznikow réalise des moulages de son propre corps, ainsi que des objets évoquant la fragilité de la vie et la mémoire corporelle. Ses sculptures, telles que ses séries 'Seins', 'Bouches' et 'Ventres-coussins', mélangent biomorphisme avec abstraction, souvent en employant des matériaux transparents pour évoquer la vulnérabilité et la transparence des sentiments humains. Les thèmes de la féminité, de la sexualité et de la souffrance apparaissent tout au long de sa carrière, culminant avec ses 'Tumeurs' et 'Herbiers', qui traitent de la maladie et de la mort d'une manière à la fois intime et universelle. Szapocznikow cherche à établir un dialogue entre l'art, le spectateur et son propre vécu, transformant son corps en un métaphore de l’humanité tout entière.

Alina Szapocznikow est reconnue comme l'une des sculptrices les plus influentes du XXe siècle en Pologne et au-delà. Son héritage réside non seulement dans l’innovation matérielle mais aussi dans la capacité à coupler la sculpture à des réflexions sur des expériences communes comme la dureté de l'existence, la mémoire et la mortalité. Ses œuvres sont régulièrement présentées dans des expositions internationales, et elle a émergé comme une figure clé dans le mouvement féministe dans l'art, démontrant comment la sculpture peut être une plateforme pour aborder des sujets profondément personnels et sociopolitiques. La revalorisation récente de son œuvre, à travers des expositions dans des institutions prestigieuses telles que le MoMA et le Centre Pompidou, atteste de l'importance croissante de Szapocznikow dans le canon de l'art contemporain. Ses œuvres continuent d'inspirer de nouvelles générations d'artistes afin de questionner les normes esthétiques et sociétales, redéfinissant la sculpture et l'art contemporain au féminin.

Parmi les expositions importantes d'Alina Szapocznikow, on peut citer son exposition individuelle à la galerie Florence Houston Brown à Paris en 1967, qui a marqué un tournant majeur dans sa carrière. D'autres événements marquants incluent des expositions à la Galerie nationale d'art Zacheta à Varsovie et la biennale des jeunes artistes à Paris. Au cours des dernières décennies, elle a été célébrée dans des expositions rétrospectives telles que 'To Exalt the Ephemeral: Alina Szapocznikow, 1962 – 1972', présentée à Hauser & Wirth à New York et Londres en 2019-2020, qui a permis de redécouvrir l'importance de son travail via une large sélection de ses pièces emblématiques. Ses œuvres ont aussi été intégrées dans d'importantes expositions collectives, y compris 'documenta 14' et 'Making Space: Women Artists and Postwar Abstraction' au MoMA, soulignant la pertinence et l'impact historique de son œuvre dans le contexte contemporain. Szapocznikow se démarque ainsi comme une voix fondamentalement moderne et féministe dans l'art, continuant à dépasser les frontières de la sculpture.