Charles Lapicque

Charles Lapicque, né Charles René Thouvenin le 6 octobre 1898 à Theizé dans le Rhône, est un artiste peintre, graveur et physicien français. Issu d'une famille ayant des origines vosgiennes, il est le fils adoptif de Louis Lapicque, un professeur éminent en physiologie, et de Marcelle Lapicque, fille du ministre Séveriano de Heredia. Son enfance est marquée par des séjours fréquents en Bretagne, qui influenceront son œuvre ultérieure. Lapicque commence à s'intéresser à l'art dès son plus jeune âge, pratiquant le dessin et la musique. Mobilisé pendant la Première Guerre mondiale, il est décoré de la Croix de Guerre pour son service. Après la guerre, il poursuit des études d'ingénieur à l'École Centrale, tout en développant une passion pour la peinture, qu'il pratique en amateur. En 1928, il abandonne sa carrière d'ingénieur pour se consacrer pleinement à l'art. Sa carrière prend un tournant significatif avec des expositions personnelles, notamment à la Galerie Jeanne Bucher. Au cours des années 1930, il étudie la physiologie visuelle et publie des travaux qui influencent sa pratique artistique. Mobilisé pendant la Seconde Guerre mondiale, il se distingue en cachant des Juifs et est reconnu Juste parmi les nations. Ses œuvres des années 1940 à 1960 marquent un cheminement vers la non-figuration et le développement de nouveaux courants artistiques tels que le Pop Art et la figuration narrative. Lapicque meurt le 15 juillet 1988 à Orsay et laisse derrière lui un héritage artistique important et une influence durable sur le paysage de l'art contemporain.

L'œuvre de Charles Lapicque se distingue par une synthèse novatrice des influences cubistes et par une exploration approfondie des couleurs et de la lumière. Ses théories sur la perception des couleurs, développées au cours de ses recherches scientifiques, jouent un rôle crucial dans son processus créatif. Il est connu pour sa palette audacieuse, utilisant des couleurs vives et contrastées, où le bleu évoque des éléments solides et rapprochés, tandis que les rouges et jaunes sont réservés aux éléments lumineux et distants. Cette approche culmine dans des séries de toiles telles que 'Figures armées' et 'Le Port de Loguivy', où l'ossature des formes se détache sur des fonds colorés. Lapicque expérimente également avec différentes techniques, dont l'aquarelle, le dessin et la lithographie, s'imposant comme un graveur important avec des centaines de lithographies à son actif. Son style évolue au fil des décennies, intégrant des éléments d'abstraction et de mouvement, notamment dans ses séries de régates où la fluidité de l'eau est capturée par des lignes dynamiques et entrelacées. Il fait également un retour à la figuration humaine, peignant des scènes équestres inspirées de ses visites aux courses de chevaux. En somme, Lapicque est reconnu non seulement pour sa maestria technique, mais aussi pour sa capacité à fusionner science, philosophie et esthétique dans son art.

Charles Lapicque a laissé une empreinte indélébile sur le monde de la peinture contemporaine. Son travail a été essentiel dans l'émergence de la peinture non figurative, et il est souvent cité comme un moteur de mouvements qui ont suivi, y compris la figuration narrative et le Pop Art. Son audace à explorer des palettes de couleurs et des structures composées de perspectives multiples a ouvert la voie à d'autres artistes, encourageant des approches moins orthodoxes et plus personnelles de la création artistique. Des artistes comme Jean Bazaine et Gustave Singier ont reconnu son influence, affirmant que Lapicque leur a permis de se dégager des dogmes cubistes antérieurs pour forger leur propre voie. La reconnaissance qui lui est accordée, notamment en tant qu'officier de la Légion d'honneur et Commandeur des Arts et des Lettres, témoigne de l’importance de son œuvre dans le paysage artistique français. Ses diverses expositions à travers le monde, ainsi que la préservation de ses œuvres dans des collections majeures, assurent que l'héritage de Lapicque continuera d'inspirer les générations futures d'artistes et d'amateurs d'art. Son engagement humaniste face aux tragédies de l’histoire, en ayant protégé des vies humaines durant la guerre, ajoute une dimension supplémentaire à son impact, le rendant non seulement un artiste reconnu, mais également une figure morale active.

Charles Lapicque a participé à de nombreuses expositions individuelles et collectives au cours de sa carrière, témoignant de sa reconnaissance dans le monde de l'art. Sa première exposition personnelle en 1929 à la Galerie Jeanne Bucher a marqué le début d'une carrière artistique florissante. Dans les années 1940, il est présent à des expositions importantes telles que 'Les Vingt Jeunes Peintres de Tradition Française' en 1941, où son œuvre 'La vocation maritime' est remarquée. Les expositions rétrospectives qui jalonneront sa carrière dans les années 1960, notamment au Musée d’arts de Nantes en 1960, et au Kunsthalle de Berne en 1962, mettent en lumière l'évolution de son art. La décennie suivante est marquée par des rétrospectives à la Kunstverein de Hambourg en 1964 et au Musée National d'Art Moderne à Paris en 1967, consolidant sa réputation. Dans les années 1980, des expositions continuent de célébrer son œuvre, avec des présentations au Musée des Beaux-Arts de Dijon en 1979 et au musée Unterlinden en 2009. En 2011, une exposition à Besançon souligne l'importance de son héritage, culminant dans une attention renouvelée sur son oeuvre et son influence. La postérité est assurée à travers des publications et des catalogues qui accompagnent ces expositions, consolidant son statut d'artiste majeur de la Nouvelle École de Paris.