Gaston Chaissac

Gaston Chaissac est né le 13 août 1910 à Avallon, dans l'Yonne, d'une famille corrézienne. Très jeune, il montre une sensibilité artistique qui se manifeste à travers la peinture, mais également par des activités d'écriture. Sa jeunesse est marquée par des difficultés familiales, notamment la séparation de ses parents après la Première Guerre mondiale, ce qui l'amène à se rapprocher de sa mère avec laquelle il vit pendant sa scolarité. Fortement influencé par des cours de dessin suivis par sa sœur, il commence à développer un intérêt pour l'art, bien qu'il soit souvent malade et d'un tempérament fragile. En 1934, il part pour Paris où il espère développer son talent de peintre. Malheureusement, cette période est également marquée par sa lutte contre la tuberculose, qui le contraint à séjourner dans plusieurs sanatoriums. C'est à cette époque qu'il rencontre d'autres artistes qui nourrissent sa créativité, comme Otto Freundlich et Jeanne Kosnick-Kloss. À partir de 1944, après son rétablissement, il habitera en Vendée où il pourra enfin consacrer son temps à son art. Son lien avec l'art brut se renforce grâce à sa relation avec Jean Dubuffet, qui le considère comme un créateur essentiel. Les années suivantes sont ponctuées par des expositions qui lui confèrent une reconnaissance progressive, mais sa vie personnelle reste marquée par une profonde solitude et des troubles de santé. Gaston Chaissac s'éteint le 7 novembre 1964.

L'œuvre de Gaston Chaissac est marquée par un style unique qui découle de ses expériences de vie. Il s'inscrit dans le courant de l'art brut, un mouvement artistique valorisant les créations d'artistes autodidactes, en réaction contre les conventions. Ses peintures, souvent qualifiées de naïves, mettent en avant la simplicité, une utilisation audacieuse de la couleur, et une expressivité brute. Chaissac mêle influences folkloriques et motifs empruntés à son quotidien, donnant naissance à des personnages au corps atrophié et anxieux, suggérant les souffrances et les blessures de son existence. Son approche n'est pas seulement picturale; il écrit également des poèmes et des récits, utilisant un langage riche en néologismes culinaire et créatif. Ce choix linguistique souligne son désir de sortir des normes du langage établi, créant ainsi une célébration de la créativité comme rébellion contre l'ordre établi. Son art est une fusion de différentes disciplines, combinant la peinture, l'écrit et la performance visuelle, utilisant des matériaux variés allant de la toile aux objets trouvés. Chaque pièce de Chaissac est imbibée de la personnalité de l'artiste, de son humour mordant, et de sa vision critique du monde qui l’entoure.

L'impact de Gaston Chaissac sur le monde de l'art est significatif, bien qu'il ait été longtemps ignoré ou négligé. Ses influences se ressentent chez de nombreux artistes contemporains, tels que Georg Baselitz et Robert Combas, qui revendiquent son inspiration dans leur propre travail. Chaos et humour imprègnent sa démarche, soulignant l’idée que l'art peut être un moyen d'expression libre et sans contraintes. Après sa mort, le travail de Chaissac a gagné en reconnaissance, surtout grâce à sa réévaluation par des historiens de l'art et des critiques qui ont commencé à le voir comme un précurseur de l'art engagé et des formes d'expressions alternatives. Sa fille, Annie Raison-Chaissac, joue un rôle essentiel dans la promotion et la préservation de son héritage, s'assurant que son père reçoit la reconnaissance qu'il mérite. En 2001, la bibliothèque de la ville d'Avallon est nommée en son honneur, un acte de reconnaissance qui témoigne de l'importance croissante de son œuvre dans le paysage artistique français. Ses écrits, en particulier ses correspondances, continuent également à susciter de l'intérêt, ajoutant une dimension littéraire à son héritage artistique.

Gaston Chaissac a été exposé à plusieurs reprises tout au long de sa vie, avec une série d'expositions qui ont contribué à établir sa réputation dans le milieu artistique. Sa première exposition personnelle a eu lieu à Paris en 1938, où il attire l'attention d'artistes influents tels qu'Albert Gleizes et Robert Delaunay. En 1943, lors d'une nouvelle exposition à la Maison des Intellectuels, son travail éveille l'intérêt de Raymond Queneau et d'autres intellectuels. Après la Seconde Guerre mondiale, il continue à exposer, notamment au Salon des Indépendants et au Salon des Surindépendants, affirmant ainsi sa place dans le milieu artistique de l'époque. Le soutien de Jean Dubuffet, qui place certaines de ses œuvres dans la Collection de l'art brut, est également un tournant décisif pour Chaissac. Les rétrospectives de son œuvre sont nombreuses après sa mort, notamment au Musée des Beaux-Arts de Nantes et au Musée national d'Art moderne à Paris. En 2021, son travail est encore célébré au Musée Soulages à Rodez. Plus récemment, en 2022, une exposition intitulée 'L’enfance de l’art, Gaston Chaissac et la modernité' au Château de Biron met en lumière son influence et son importance en tant qu'artiste à part entière, ancrée dans le paysage artistique du XXe siècle.